Cette étude s’intéresse aux représentations, dans la littérature jeunesse, des relations entre les enfants avec trisomie et autisme et leurs frères et soeurs, au regard des conclusions des travaux scientifiques sur les relations fraternelles à l’épreuve du handicap qui mettent en évidence l’impact différentiel de ces deux types de handicap sur la construction de ce lien. Cet intérêt pour la littérature jeunesse se justifie par le fait que lorsque les livres destinés aux jeunes enfants abordent des questions difficiles comme le handicap, ils proposent des situations et des modalités de réponse en accord avec les représentations et normes culturelles. Ainsi, ils peuvent aider au dialogue en particulier avec les frères et soeurs d'enfants avec handicap et remplir une fonction éducative. Dans cette perspective, 24 livres destinés aux enfants âgés de 3 à 12 ans, 12 pour chacun des deux types de handicap ont fait l’objet d’une analyse de contenu. Les résultats indiquent que tous les ouvrages autorisent l’expression de la souffrance et d’un rapport conflictuel avec l’enfant porteur de handicap. Mais, alors que l’empathie et les gratifications affectives perçues par la fratrie de l’enfant avec trisomie permettent d’instaurer la complicité, le rejet et l’indifférence ressentis par celle de l’enfant avec autisme peuvent entraver la construction du lien fraternel. À l’injonction parentale à la responsabilisation s’ajoute pour les frères et soeurs des enfants avec autisme l’exigence d’une compréhension inconditionnelle qui est ressentie comme injuste. Il appert donc que les livres étudiés sont susceptibles d’accompagner utilement les frères et soeurs des enfants porteurs de handicap et permettent une potentielle reprise éducative, mais ouvrent rarement sur une projection dans l’avenir.