Cet article présente l'étude d'un cas particulier du phénomène de l'apprentissage en famille : celui de communautés religieuses juives orthodoxes du Québec (Canada), les Haredim, ayant récemment opté pour cette forme d'éducation dans le cadre d'une entente avec le Procureur général du Québec. Cette étude de cas s'inscrit dans le champ de la gouvernance de l'éducation et son analyse sera réalisée dans une perspective d'éthique appliquée. Elle vise à apprécier les forces et les faiblesses de cette décision à l'aune de critères d'évaluation éthique tirés d'un cadre de référence pertinent au problème. À partir de cette analyse, il appert que cette pratique éducative pourrait rejoindre l'objectif d'assurer aux enfants l'accès à une éducation de base plus acceptable, tout en protégeant leur droit à une éducation adaptée à leur culture et à leur communauté. Mots-clés (TESE) : éducation par la famille, politique en matière d'éducation, judaïsme, gouvernance, éducation à domicile, droit à l'éducation 1 Au Québec, le terme « apprentissage en famille » est préféré à celui d'« instruction en famille » par les familles et par les chercheurs religieuses ne constituaient pas les principales motivations des parents faisant ce choix au Québec (Brabant, Bourdon & Jutras, 2003, 2004), ce phénomène pourrait provoquer un renversement. L'intérêt de ce cas est qu'il (pour une analyse terminologique, voir Brabant, 2010). Le ministère de l'Éducation nomme cette pratique l'« enseignement à la maison ». 81-94 d o s s i e r 2 La société québécoise a été reconnue formellement par le Canada comme une nation, distincte du « Canada anglais » par son histoire, sa langue et sa culture.