Situé à la frontière du management de l’innovation et de la géographie urbaine, ce papier analyse la mise en pratique des stratégies dites de smart city portées par les acteurs publics locaux qui s’appuient sur les expérimentations urbaines et les dispositifs de type Urban Living Labs (ULLs). Il apporte un éclairage empirique sur leur rôle dans les processus d’innovation ouverte opérés à l’échelle des villes. La recherche se fonde sur l’analyse d’expérimentations sociotechniques qui alimentent les stratégies urbaines portées par les métropoles européennes, et sur le rôle des « tiers-acteurs » qui les accompagnent, les ULLs. Elle étudie deux projets d’expérimentation situés au Royaume-Uni (projet « Careview ») et en France (projet « Tierce Forêt ») à partir d’une méthodologie qualitative, et défend l’idée que les ULLs se saisissent de leur position d’intermédiation pour centraliser les connaissances et opérer une forme de contrôle sur les innovations déployées dans la ville (expérimentations), et pour engager sa plateformisation. Par leur accompagnement au déploiement des expérimentations, ces dispositifs contribuent à accroître l’acceptabilité sociale et l’appropriation des services testés (territorialisation) ; par leur encadrement des acteurs socioéconomiques et de leurs offres, ils contribuent à enclencher une dynamique de plateformisation de la ville (pérennisation des offres, mise en relation, déterritorialisation, etc.). Ces processus s’intègrent dans le cadre plus général des stratégies dites smart city et organisent l’émergence distribuée d’innovations locales.