“…Tout en l'apparentant aux gay party circuits décrits en Amérique du Nord [Westhaver, 2005[Westhaver, , 2006, leur forme se distingue d'emblée fortement d'autres déplacements à caractère sexuel dans l'espace public, comme les expériences de drague sexuelle entre hommes à ciel ouvert dont l'anonymat est constitutif, rendu possible par une sorte d'indéterminisme (possibilism) démographique urbain [Hannerz, 1983], et qui brouille les catégories d'appartenance, y compris en terme d'orientation sexuelle À l'inverse, le « possibilisme » des cultures festives gays ne procède pas d'un anonymat indifférencié qui serait le propre de la sexualité entre hommes en milieu urbain, mais s'avère largement déterminé par des processus d'identification et suivant des modalités très codifiées d'expression collective de l'identité. En rupture avec les univers de discrétion et de silence dépeints par les ethnographies des lieux de drague homosexuels dans l'espace public, notamment en France [Gaissad, 2000 ;Mendès-Leite et Proth, 2002], il est marqué tant par l'hypervisibilité des corps et de la sexualité gays que par un paysage acoustique particulièrement prégnant. Le mouvement s'inscrit en effet dans l'histoire socio-culturelle récente des modes de vie gays (principalement celles des subcultures Bear et SM 14 ), et accompagne le développement de la mouvance musicale électronique post-industrielle en vogue dans les métropoles occidentales depuis la fin des années 1980.…”