Ce texte aborde le discours poétique d’affirmation identitaire qui se met en place en Acadie et en Ontario français au cours des années 1970 et 1980, à travers le prisme de la franco-américanité. Au lendemain de la Révolution tranquille québécoise et de l’éclatement du Canada français tel qu’on le connaissait jusque-là, on constate une volonté des artistes acadiens et franco-ontariens d’affirmer leur identité. Cette volonté est particulièrement présente en poésie, un genre qui contribuera largement à donner une nouvelle profondeur sémiotique à la région à laquelle se rattachent les auteurs. Si chacun a son identité propre, un regard sur l’ensemble de leurs textes permet de relever certaines similitudes dans le processus d’affirmation tel qu’il se produit en Acadie et en Ontario français. C’est à partir de ces ressemblances que Jimmy Thibeault s’interroge sur la possible réactualisation d’un Canada français, non plus envisagé dans un esprit national, mais comme une pluralité de voix porteuses d’une certaine franco-américanité.Through the lens of francophone experience understood as a North American phenomenon, the author examines the affirmative poetic discourse of identity which developed in Acadia and francophone Ontario during the 1970s and 1980s. In the aftermath of Quebec’s Quiet Revolution and the dissolution of French Canada, such as it had existed until that point, one observes a marked desire on the part of Acadian and Franco-Ontarian artists to assert the defining features of their respective identities. This tendency was particularly pronounced in the case of poetry, which contributed significantly to the development of new semiotic depth in each of the two regions. While it is true that the exploration of identity in its local specificity was the order of the day, a global perspective allows one to detect certain similarities in the process by which identity was affirmed in Acadia and francophone Ontario. It is on the basis of these similarities that Jimmy Thibeault ponders the potential rehabilitation of a certain French Canada—no longer that of the French-Canadian people, but rather French Canada as a plurality of voices bearing the signs of Franco-Americanity