Quelles sont les modalités qui permettent au lectorat de l’époque coloniale d’entrer, littérairement parlant, dans l’empire colonial français? Sous la Troisième République, la question est importante pour des raisons politiques et idéologiques : on verra ici, à travers trois cas particuliers, comment les entrées dans les textes engagent différemment l’expérience d’une lecture exotique. Comparer ces premières lignes issues du livre ou des périodiques permet de mettre en évidence les variations de l’aventure coloniale et de sa modernité par le biais de la vitesse narrative : un récit de voyage, un roman d’aventure de Jules Verne et un reportage d’Albert Londres trouveront ainsi des points communs qui éclairent l’entreprise coloniale. Selon que les récits ont été publiés dans des journaux ou dans des livres, la vitesse de lecture n’est pas la même, le support jouant un rôle considérable dans la perception de l’aventure elle-même.