Dans cet article nous analysons les interactions verbales survenues lors d’entretiens de recherche que nous avons réalisés avec des jeunes de 16 à 25 ans porteur·euse·s d’une trisomie 21 dans le cadre d’une enquête sur le devenir adulte des jeunes ayant des anomalies chromosomiques. Nous analyserons la manière dont les attentes et les représentations des enquêté·e·s, de leurs parents et des chercheur·e·s sur les personnes catégorisées « déficientes intellectuelles » ont pu contribuer à la constitution des normes d’interaction verbale et participer de la co-construction de situations de handicap. Nous nous arrêterons en particulier sur deux questions : celle de la compréhension mutuelle entre les chercheur·e·s et les enquêté·e·s, et celle des conditions de possibilité de l’expression de la parole des jeunes porteur·euse·s de trisomie 21. Cette dernière question permettra de s’interroger sur la possibilité de « vouloir dire » ce qui se dit lors d’un entretien de recherche, ainsi que sur les conditions de reconnaissabilité des personnes interviewées.