En prenant appui sur la mission de l’école québécoise qui consiste à instruire, socialiser et qualifier, le projet PhiloJeunes, implanté au Québec depuis 2015, œuvre au renforcement des facteurs de protection face à la radicalisation violente par la voie de l’implantation d’une pratique philosophique en classe. Le présent article se fonde sur une étude qualitative menée auprès de pédagogues engagés dans ce projet éducatif, afin d’explorer leur expérience lors de la formation et de l’application dudit projet. L’analyse met en lumière les défis et les leviers rencontrés par les pédagogues, notamment en regard d’une certaine prescription/proscription normative quant à l’expression et à la circulation des émotions. L’inévitable imbrication entre la sphère rationnelle et la sphère émotionnelle amène les autrices à soutenir, dans la veine de l’héritage de John Dewey, un dépassement de cette désuète opposition, afin d’embrasser une éducation démocratique sensible qui puisse favoriser la réalisation des objectifs de prévention de la radicalisation violente par la voie de la discussion philosophique en contexte scolaire.