“…L'« Anglo-India » était, selon Curzon, le « pivot et le centre de l'Empire britannique ». Certes, l'historiographie récente de la Compagnie des Indes orientales invite à nuancer la transition de la seconde moitié du XVIII e siècle entre un impérialisme maritime et commercial « Atlantique » et un impérialisme territorial et militariste aux Indes 95 , et il y eut aussi une dimension développementaliste dans la projection de puissance anglo-indienne (en Irak, par exemple, après 1916 96 ), mais Disraeli disait bien craindre l'« asianisation » de l'impérialisme britannique. Aujourd'hui, cette dimension « nonmoderne », voire « non-occidentale » du Raj est mise en avant : préservation des traditions, continuité avec l'Empire Moghol, ponctions fiscales pour entretenir une importante armée (dont les monopoles sur le sel et l'opium)… 97 Si une partie des troupes de l'armée des Indes servait de « gendarmerie » pour assurer l'ordre intérieur, une autre fut spécialisée dans la guerre des frontières (en particulier, après l'échec de la campagne du Waziristan en 1919-1920) et une troisième intervint dans tout l'Empire, de l'Afrique à l'Extrême-Orient et, notamment, durant les guerres mondiales en Europe et au Moyen-Orient.…”