HERMÈS 47, 2007 9Françoise Massit-Folléa et Cécile Méadel intervenants, leur mode de publicisation, leur incidence sur le fonctionnement de la cité, sont dune extrême diversité. C'est cela qu'il s'agit d'éclairer.Tout juste faut-il admettre que ces formats délibératifs échappent ou peuvent échapper aux contraintes fixées par la science politique canonique : l'exigence de l'égalité entre les participants, la délégation à des représentants, la transparence des procédures et la connaissance (supposée) partagée des formes de clôture de la discussion. À contre-pied des discours mythiques sur la démocratie électronique 2 , ces contraintes ne sont pas, ou alors inégalement et partiellement, celles des dispositifs qui nous intéressent. En effet, à l'épreuve de la mise en chantier, nul n'imagine, on le verra, un substitut radical à la démocratie représentative. Il s'agit simplement, quoique non systématiquement, de l'aiguillonner, de la réformer, voire, pour les plus optimistes, de la régénérer.Ce numéro va donc permettre d'aborder plusieurs types de questions : quel visage prennent les débats publics selon les dispositifs de communication ? Sous quelles conditions les formats actuels d'expression et de discussion publique permettent-ils de produire des accords faisant autorité, au-delà des acteurs individuels, sur tout ou partie du corps social ? Les moyens de communication disponibles aujourd'hui permettent-ils l'accès de nouveaux contributeurs au débat public et, si oui, sous quelles conditions ? Quelles représentations du corps social ces expériences produisent-elles ? Sur quel « nous » collectif tablent-elles ?Les articles ici présentés devraient aider à compléter un questionnement spécifique à la communication politique. Il s'agit, à travers des propositions originales et des analyses ancrées dans des études de terrain, de repérer les enjeux, les modalités et les limites des apprentissages d'une publicisation politique contemporaine.
L'effervescence démocratique des formes d'expression publiqueLa crise de la représentation politique est aussi ancienne que le régime représentatif. Mais les interrogations spécifiques qu'elle soulève aujourd'hui ont conduit à la fois à expérimenter des formes nouvelles de débats publics et à produire une ample littérature explorant le renforcement du rôle du citoyen dans la décision publique.Selon Rosanvallon (2006, p. 301), « le développement des formes d'implication des citoyens dans les décisions qui les concernent est (...) l'un des traits majeurs de l'évolution récente des régimes démocratiques ». Pourquoi, dans ces expérimentations et ces pratiques de transformation de la démocratie contemporaine, le débat public prend-il une telle place ? Principalement en raison du refus par les citoyens d'accepter une autorité indiscutée, quand sur nombre de thèmes, au premier rang desquels la santé et l'environnement, les paroles des experts se sont révélées trompeuses... Ce qui suscite un certain nombre de réactions (éventuellement défensives). De ce fait, les instances traditionnellement en...