Esquisse du pouvoir policier discriminant

Abstract

À partir de l’observation directe du travail des agents de police de Sécurité Publique en proche banlieue parisienne, cet article propose d’analyser les conditions de production de la discrimination policière. L’approche ethnographique permet de rendre compte des catégorisations et des pratiques policières routinières qui, dans certains cas, modifient les cadres des interventions de police et transforment l’interaction policière en relation discriminante. L’analyse en terme de « pouvoir discriminant » suggère un dépassement des approches normatives de l’étude des discriminations et restitue aux interactions entre policiers et acteurs civils leur dimension dynamique et relationnelle.

Police selectivity “on demand”: the role of organisational justice in promoting procedural justice

“…This idea clearly evokes many other thoughts on the police, explaining their heightened importance, especially in the most disadvantaged neighbourhoods where other institutions have withdrawn. There, more than anywhere else, the police are the ones who represent the state (Gauthier, 2010;Monjardet, 2008). Recent studies show that a perception of procedural justice is important, not just to the public when a person is subjected to a stop and search but also to victims who want to be listened to and informed about how their case will be handled (Elliott et al, 2012;Koster et al, 2020).…”

“…Scholars have since long argued that police stops during proactive police work tend to target (visible) minorities and young males showing visible signs of youth cultures (for the UK, see Parmar, 2010;Waddington et al, 2004; for France, see Gauthier, 2015;Jobard, 2010;Jobard et al, 2012; for the Netherlands, see Çankaya, 2015). These sometimes repeated (Bradford, 2017) stops are not demonstrably efficient in catching criminals (Bradford, 2017;Gauthier, 2010), while instead having a negative effect on police legitimacy and communities' trust in the police (Epp et al, 2014;Skogan, 2006).…”

Tactiques du franchissement des frontières : contournements et résistances face aux contrôles à Calais

“…(Entretien, Calais, mai 2016) Le travail de dissuasion est ainsi formulé comme un « jeu » sélectif, aux conséquences différentes selon l'origine nationale des personnes (les catégorisant comme « renvoyables » ou non) et leur étiquetage (comme « migrant » ou « passeur »). On ne reviendra pas ici sur le caractère aléatoire et malléable du contrôle, démontré dans les études sur les circulations transfrontalières (Darley, 2008), sur les pratiques de « crimmigration » (Guia et al, 2013), et, plus largement, dans les travaux sur la police (Gauthier, 2010). Ces mesures de contrôle et de répression sont perçues comme un risque acceptable par les personnes migrantes, qui tentent le passage de façon répétée.…”

L'autonomie de l'équilibriste

“…Deuxième élément de décalage par rapport à la littérature existante sur la relation administrative proposée par cet article : la relation administrative est souvent analysée comme le lieu où se matérialise le contrôle que les politiques sociales permettent d'exercer sur les catégories populaires. Les guichets de l'action publique apparaissent alors révélateurs des impératifs d'activation des politiques sociales (Brodkin, 2011 ;Lavitry, 2009Lavitry, , 2012 ou encore de racialisation des politiques de sécurité urbaine (Gauthier, 2010) ou de l'État-providence (Brown, 2013 ;Soss, Fording, Schram, 2011). Les professionnels du travail social peuvent être vus comme les acteurs d'une entreprise de disciplinarisation des classes populaires (Donzelot, 1973).…”