De nombreux auteurs soulignent aujourd’hui la « résurgence » du mythe dans notre société contemporaine et notamment dans le domaine politique (Durand, 2002). Bien plus, les discours de type mythique commencent à gagner du terrain dans le milieu académique, comme ne manquent pas de le remarquer certains chercheurs (Rastier 2021). Or, ni la linguistique du discours ni la sémiotique ne se sont vraiment penchées sur la caractérisation des dynamiques formelles du mythe et de ses interprétations. Si la sémiologie de Ferdinand de Saussure a été définie comme « la formation et la transformation des signes et de leurs sens » (Naville, 1901), alors une enquête sémiotique du mythe doit s’attaquer à la formation et à la transformation du mythe compris comme système de signification ou comme « institution sociale », en relation avec les « langues naturelles » et le reste des institutions. Cet article, s’inscrivant dans cette problématique générale, relit les propositions d’Hermann Usener sur la dynamique morphologique des structures de la pensée religieuse sous le prisme de la sémiotique et la linguistique de tradition saussurienne. Dans cette perspective, nous nous demanderons en quoi la relecture sémiotique de la typologie divine proposée par Usener peut nous permettre de mieux comprendre les dynamiques morphologiques des mythes et plus particulièrement la formation et la transformation des figures divines dans les discours mythiques et dans les structures de la pensée religieuse.