École du parti et formation des élites dirigeantes en Chine

Abstract

RÉSUMÉ Dans un régime comme celui de la République populaire de Chine, où prévaut la suprématie d’un Parti-État unique, la politique et le politique constituent, a fortiori plus qu’ailleurs, la chasse gardée de l’élite dirigeante du pays, à savoir les cadres du Parti communiste. Cet article tente de saisir qui sont les élites politiques aux commandes de la Chine d’aujourd’hui à travers l’analyse du modus operandi de l’École des cadres du Parti de Shanghai. L’étude de cette institution, qui participe à la régulation de la circulation des élites et constitue l’un des lieux privilégiés de la transmission et de l’exercice du pouvoir, permet, par-delà son propre fonctionnement, d’éclairer la nature et le devenir même du régime. S’il apparaît que les forces modernisatrices, en assimilant davantage l’École du Parti à un institut d’administration publique, œuvrent à la professionnalisation du métier de cadre, c’est également et avant tout afin de mieux perpétuer l’hégémonie du Parti-État unique.

Rejuvenating Communism

“…Cheng Li, "University Networks and the Rise of Qinghua Graduates in China's Leadership, " Australian Journal of Chinese Affairs, no. 32 (July 1994): 1-30; Wen-Hsuan Tsai and Xingmiu Liao, "The Impending Rise of the 'Tsinghua Clique': Cultivation, Transfer, and Relationships in Chinese Elite Politics, " Journal of Contemporary China, 20 organizations not only spend a lot of time with officials due to the activities they organize or due to the club-like sociability previously mentioned, but they are also already part of the same hierarchical structure, as student societies are supervised by Youth League officials, themselves managed by party cadres. As a result, and despite the variety of personal trajectories, most of the relationships built in youth organizations, starting from college, translate into ties between party-state officials as they rise in the hierarchy.…”

“…19 Under the Xi Jinping administration, in power since 2012, new regulations have strengthened the role played directly by CCP cells in student control, including the supervision of extracurricular activities and the promotion of political education. 20 While the CYL is still a critical inter-mediary between the CCP and the student organizations, party organizations on campus are expected to revamp their operation in the traditional fields of propaganda and political work but also micromanage academic and student life on an unprecedented scale in the reform era. 21 To understand how these changes, which took place after my fieldwork, are implemented on the ground, I compared the 2006 Peking University's regulations for the management of student societies with the revised version of 2019.…”

“…19 In line with this argument, Zang Xiaowei has highlighted that joining the CCP and becoming an official as young as possible is crucial to reaching top positions in the Chinese party-state. 20 This is clear for the more than 2,500 officials who hold the rank of deputy minister or its local equivalent, vice governor, and above; 21 and even more for the 300 or so most highly ranked officials who compose the CCP Central Committee. 22 Most officials, however, will never rise to these levels, and they often know it early on in their careers due to the glass ceiling created by age limits for leading positions.…”

La matrice de l’État-parti : réseaux et trajectoires politiques en Chine contemporaine

“…Au-delà du cas des cadres de la Ligue, différentes études sur les écoles du Parti ont montré que les formations qu'elles organisent sont des lieux de sociabilité importants 45 . Citant un interviewé, Émilie Tran constate que le souhait secret de tout cadre au sein de l'école du Parti est de se retrouver dans le même groupe que des cadres qu'il pourrait lui être utile de connaître pour la suite de son parcours 46 . À la lumière de cette analyse, il apparaît que les relations d'influence développées par les cadres de la LJC entre eux peuvent être comprises non comme une faction unifiée autour d'une hiérarchie et d'intérêts communs mais comme des réseaux proches de ce qui a été décrit dans le cas des grands corps de l'État français.…”

Ne rien changer pour que tout change : réformes de la formation administrative chinoise entre innovation et continuité

“…Il n'existe en 2014 aucune monographie consacrée au MAP chinois, en dehors de quelques mémoires de mastère non publiés. Se réfèrent au MAP David Shambaugh, Frank Pieke et Emily Tran, dans leurs travaux sur les écoles du parti Pieke, 2009 ;Tran, 2007). L'article le plus complet en anglais est celui de Caroline H. Tong et Jeffrey Straussman (2003).…”