Dossier « L’agriculture dans le système alimentaire urbain : continuités et innovations » – Introduction. L’agriculture dans le système alimentaire urbain : continuités et innovations

Abstract

L'alimentation des villes est aujourd'hui un front de recherche à la croisée des sciences sociales, techniques et agronomiques. Ce thème invite à dépasser les frontières habituelles entre politiques publiques sectorielles (agriculture, urbanisme, environnement) et entre disciplines scientifiques (Steel, 2009). L'alimentation peut en effet être un levier pour améliorer la durabilité des villes, en lien avec des enjeux de nutrition-santé, d'éducation, de développement économique, d'environnement et de cohésion sociale. Et réciproquement, les villes s'affirment progressivement comme des acteurs moteurs du changement et elles apparaissent comme des échelles pertinentes pour améliorer la durabilité de l'alimentation. Les questions alimentaires commencent à être prises en considération dans les politiques urbaines, notamment à travers les questions d'aménagement (Morgan, 2009 ; 2013). Dans les pays anglo-saxons, les enjeux alimentaires sont entrés depuis une quinzaine d'années dans les conceptions de la durabilité urbaine et dans les politiques d'aménagement, notamment au Royaume-Uni, aux États-Unis ou au Canada, qui disposent à la fois d'une communauté de recherche très structurée sur ce thème et d'expérimentations dans différentes villes (Blay-Palmer, 2010 ; Plantinga et Derkzen, 2012 ; Stierand, 2012). L'alimentation n'est plus un ovni dans les politiques d'aménagement urbain (Pothukuchi et Kaufman, 2000). En France, le regain d'intérêt des villes pour l'agriculture date des années 1990, mais l'intérêt pour l'alimentation est beaucoup plus récent (Brand et Bonnefoy, 2011 ;

La dynamique instituante des agricultures

“…Ces nouveaux modèles se réfèrent à des pratiques plus ou moins anciennes revisitées qui, sans se présenter comme alternatives, pourraient être à l'origine de véritables filières. On peut en citer au moins quatre : l'agroforesterie qui intègre n'importe quelle production agricole à des pratiques de sylviculture (Torquebiau, Mary et Sibelet, 2002), les agricultures de proximité, périurbaines, voire urbaines, qui cherchent à rétablir un lien direct entre le producteur et le consommateur (Perrin and Soulard, 2017;Pezrès, 2010), l'aquaponie, qui est un système intégré de production végétale horticole ou maraîchère et de pisciculture (Foucard et coll., 2019), et la méthanisation qui concerne déjà des centaines d'agriculteurs. Ces deux dernières accentuent encore la transformation du métier d'agriculteur qui devient un ingénieur multidisciplinaire.…”