Les sociétés choisissent-elles le numérique pour s’observer ? Est-ce son adaptabilité à leurs problématiques, notamment leur complexité croissante, qui explique leur succès ? Nous trouvons cet argumentaire dans l’ouvrage Muster, Theorie der digitalen Gesellschaft (« Patterns 1 – Théorie de la société numérique ») d’Armin Nassehi (2019). En suivant des critiques apportées à ces propositions, notamment depuis les sciences de l’information et de la communication, nous suggérons de comparer les imaginaires sociaux du numérique, constitutifs des matrices sociétales et des habitus dans lesquels les rationalisations contemporaines et les pratiques sociales s’insèrent, non sans résistances. Ces critiques constructives permettent de souligner les points communs entre théorie critique et théorie des systèmes sociaux et laissent entrevoir une place importante pour les SIC. Ce texte, d’orientation théorique, poursuit ainsi un argumentaire en faveur de la comparaison internationale en Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) qui, nous l’espérons, rencontrera des lecteurs bien disposés malgré son degré d’abstraction. Il fait le pari d’une discussion de théories peu mobilisées par les SIC françaises et met ainsi l’épistémologie au service d’une nécessaire intermédiation des théories.