Commençons par un bref rappel des faits marquants de la vie d'Albert Mathiez avant d'en venir à son métier d'historien. Albert Mathiez est né le 10 janvier 1874, en Franche-Comté, de parents paysans. Il fit de brillantes études. Malheureusement pour lui, durant son service militaire en 1893, il perdit l'oeil gauche. L'année suivante, il fut admis à l'École normale supérieure, où il retrouva ses amis Charles Péguy et Albert Lévy, avec lesquels il partagea la défense de Dreyfus 3. En 1900, il prépara une thèse d'histoire sous la direction d'Alphonse Aulard, professeur à la Sorbonne occupant la fameuse chaire d'Histoire de la Révolution française. La soutenance de sa thèse, La Philanthropie et le culte décadaire, 1796-1802, eut lieu en 1903 et celle de sa thèse complémentaire, Les origines des cultes révolutionnaires, 1789-1792, l'année suivante. En 1902, Mathiez épousa Marguerite Boudot, dont il divorça en 1912, après avoir eu quatre enfants. En 1907, Mathiez fondait la Société des études robespierristes, dont le siège se trouvait chez l'éditeur Leroux, 28 rue Bonaparte à Paris, et publiait le premier numéro des Annales révolutionnaires en 1908. Puis, en 1913 paraissait le premier tome des OEuvres de Robespierre 4 , ce qui correspondait à un des objectifs que s'était fixés la nouvelle société. Aux tous débuts de la guerre, en septembre 1914, son ami Charles Péguy trouvait la mort au combat.