“…Un cas où cette réflexivité entre les personnes et leurs profils calculés se fait particulièrement directe, explicite et visible, est celui du « soi quantifié », dans lequel il s'agit de mettre réflexivement à disposition des personnes, sur les écrans de leurs terminaux portables, des historiques continuellement actualisés de leurs propres activités (Swan 2012 ;Pantzar, Ruckenstein, 2014 ;Licoppe et al, 2013), dans l'espoir que leurs actions et leurs activités seront transformées par cet équipement réflexif et numérique des écologies individuelles. Ceci conduit à des situations intrigantes d'un point de vue phénoménologique, dans lesquelles les personnes agissent et voient leurs actions transformer l'état de leur soi calculé (état de plus souvent rendu visible à d'autres, ce qui introduit une dimension de publicité inhérente à ce type de configuration pragmatique), ce qui renouvelle le contexte de leur action (Licoppe, 2013). Action individuelle et action calculée s'élaborent mutuellement dans le cours de l'activité, comme l'action et instruction dans le problème de l'« action instruite » qui intéressait Garfinkel.…”