L’oeuvre de Luc Bureau a quelque chose de relativement unique dans la géographie québécoise, en particulier, et d’expression française, plus généralement. Si elle partage, avec la tradition humaniste de la géographie humaine et culturelle, une fascination commune pour les représentations, l’imaginaire, le symbolique et une affinité élective pour la littérature, elle se démarque par l’originalité de son ton, sa candeur, la nature de la relation à son objet, la liberté stylistique et l’affirmation résolue de la subjectivité du géographe. En un mot, les écrits de Bureau assument pleinement leur statut d’essai. La forme essayistique favorise pareille liberté discursive et épistémologique. Pourtant, rares sont les géographes qui en ont exploité les ressources aussi systématiquement que lui. Sur la base d’une lecture courtoise de l’oeuvre, mais aussi de sa réception critique (tant universitaire que journalistique), l’article propose une réflexion générale sur l’oeuvre livresque de Bureau dans le cadre de l’évolution de la géographie humaine francophone des 40 dernières années.