Les négociations en personne du nouveau traité pour conserver et utiliser durablement la biodiversité marine au-delà des juridictions nationales (BBNJ) ont été interrompues par la pandémie du Covid-19 et ses confinements, à l’instar de nombreuses autres réunions internationales sur l’environnement. Dans le cas du BBNJ, les acteurs étatiques et non étatiques ont initié plusieurs formats d’échanges numériques et de ‘sites’ virtuels de négociation pour continuer ces relations multilatérales sur une période de deux ans. Pour explorer l’impact de ce ‘tournant numérique’ dans les processus de création d’accords multilatéraux environnementaux, nous avons adapté les méthodologies que nous avions utilisées auparavant pour étudier les négociations en personne et ainsi conduit deux questionnaires en ligne et une ethnographie politique critique. Deux questions générales ont guidé notre recherche : comment les négociations sont-elles devenues numériques et quels ont été les impacts de ce tournant numérique ? Nous analysons les impacts à plusieurs niveaux et les discutons par le biais de trois dimensions temporelles : la temporalité comprise comme une vitesse, une période, et un élan. Nos résultats indiquent que, premièrement, les acteurs non étatiques ont participé plus activement dans les formats en ligne pour maintenir le rythme des négociations ; deuxièmement, les individus ont perçu cette période supplémentaire de temps — pendant laquelle ils ne pouvaient que communiquer en ligne ‘en attendant’ le retour des négociations en personne —comme étant certes négative mais dont l’expérience était partagée ; et troisièmement, les formats en ligne ont assuré que l’élan des négociations ne s’éteigne pas pendant la crise du Covid-19 —et ainsi évité un échec du processus général de négociation.