Chapitre 5. L'approche évaluative comme base de l'intervention éducative auprès de personnes polyhandicapées

L’observation et l’évaluation d’élèves en situation de polyhandicap : une nécessaire réflexion méthodologique

“…L'évaluation des personnes en situation de polyhandicap est un processus nécessaire pour pouvoir adapter l'accompagnement à la singularité des situations de polyhandicap (Detraux, 2013). Les situations de polyhandicap étant caractérisées par une grande hétérogénéité à la fois inter et intra individuelle, l'évaluation se doit d'être adaptée à chaque individu et répétée dans le temps afin d'être régulièrement mise à jour et rediscutée à travers les projets individualisés.…”

“…Les situations de polyhandicap étant caractérisées par une grande hétérogénéité à la fois inter et intra individuelle, l'évaluation se doit d'être adaptée à chaque individu et répétée dans le temps afin d'être régulièrement mise à jour et rediscutée à travers les projets individualisés. Chaque situation est spécifique (Zucman, 2000) et nécessite de réfléchir à la fois en équipe pluriprofessionnelle et avec les parents (Detraux, 2013 ;Scelles, 2013), et d'être attentive, structurée et rigoureuse (Petitpierre, 2005). De plus, en l'absence de langage verbal, l'évaluation va reposer essentiellement sur l'observation, qu'il s'agisse d'une observation directe ou indirecte des situations, à l'aide de grilles ou non.…”

“…De plus, en l'absence de langage verbal, l'évaluation va reposer essentiellement sur l'observation, qu'il s'agisse d'une observation directe ou indirecte des situations, à l'aide de grilles ou non. Pour Detraux (2013), afin de répondre à ces exigences d'attention et de rigueur, trois dimensions nécessitent particulièrement d'être explicitées dans l'évaluation : (1) le cadre ou le contexte dans lequel a lieu l'observation/évaluation (à la maison, lors d'une prise en charge en psychomotricité, lors des repas…), (2) les objectifs de l'évaluation (c'est ce qui permet de cibler le regard), et (3) des éléments subjectifs concernant le vécu de la personne en situation de polyhandicap, son histoire, mais aussi le vécu du professionnel ou chercheur, pour que l'évaluation ne réifie pas la personne, ne limite pas le sujet aux comportements et actes qu'il produit. En effet, dans une recherche d'objectivation il est nécessaire de prendre un temps de réflexion sur soi et ses projections face à cette situation extrême (Saulus, 2009), et ce d'autant plus que l'expression des compétences des personnes en situation de polyhandicap est sensible au contexte et à l'environnement (Hostyn et Maes, 2013).…”

“…En effet, dans une recherche d'objectivation il est nécessaire de prendre un temps de réflexion sur soi et ses projections face à cette situation extrême (Saulus, 2009), et ce d'autant plus que l'expression des compétences des personnes en situation de polyhandicap est sensible au contexte et à l'environnement (Hostyn et Maes, 2013). L'évaluation plus spécifique des potentialités et des compétences des élèves en situation de polyhandicap est d'autant plus importante que l'on vise alors, au-delà d'objectifs de bien-être et de soins, des objectifs développementaux et pédagogiques (Detraux, 2013). Cette évaluation constitue donc une démarche complexe, qui nécessite un équilibre subtil entre deux extrêmes (Detraux, 2013) : la négation des possibilités d'objectivation (« je comprends tout ce qu'il fait ou dit »), marquant un risque d'emprise, et la sur-objectivation, réduisant la personne observée aux seuls comportements qui sont observables et venant à réifier le Sujet.…”

“…L'évaluation plus spécifique des potentialités et des compétences des élèves en situation de polyhandicap est d'autant plus importante que l'on vise alors, au-delà d'objectifs de bien-être et de soins, des objectifs développementaux et pédagogiques (Detraux, 2013). Cette évaluation constitue donc une démarche complexe, qui nécessite un équilibre subtil entre deux extrêmes (Detraux, 2013) : la négation des possibilités d'objectivation (« je comprends tout ce qu'il fait ou dit »), marquant un risque d'emprise, et la sur-objectivation, réduisant la personne observée aux seuls comportements qui sont observables et venant à réifier le Sujet. De plus, il s'agit de dépasser une vision axée sur les déficits pour se centrer dans cette observation à visée évaluative sur les compétences et potentialités déjà existantes ou émergentes.…”