Quel est le poids des facteurs politiques dans l’allocation des financements associatifs ? Dans quelle mesure le soutien apporté ou retiré à certains acteurs associatifs est-il guidé par une rationalité politique plutôt que technique ou gestionnaire ? Ces questions n’ont, à ce jour, suscité que peu de travaux empiriques, les associations étant souvent délaissées par les recherches sur le clientélisme ou les études de l’action publique locale, si ce n’est pour souligner leur contribution à la « participation citoyenne ». À partir d’une étude systématique de l’ensemble des subventions attribuées par la Ville de Roubaix sur une période de dix ans, cet article interroge la carrière financière des associations et leur dépendance éventuelle aux cycles électoraux et aux vicissitudes du jeu politique. Complétées par un matériau qualitatif, ces données donnent à voir la relative inertie de financements détachés de considérations politiques, et ce faisant la relative rareté de pratiques qui pourraient être labellisées comme du « clientélisme associatif ». L’enquête donne néanmoins à voir certains mécanismes de récompenses et de sanctions – notamment financières – qui contribuent à l’entretien du pouvoir local et à la mise à distance du politique par les associations.