Il n'y a que de grandes avenues Dans les beaux quartiers Et rien pour s'abriter Car il y a beaucoup de fumée Des gaz lacrymogènes 1 Je me souviens avoir lu que Francis Ponge aurait aimé intituler l'ensemble de son oeuvre Actes ou textes (plutôt que Charmes ou poèmes ...) On veut croire que les livres sont des actes, des actes préparatoires, pensés et préparés au présent. 2 Vers une post-poésie judiciaire : où est Charles Reznikoff ? 1 Une partie de l'histoire de la littérature récente pourrait s'écrire à partir de son désir de réel. D'autant plus lorsqu'elle prend le procès comme l'incarnation de ce réel -au tribunal ou dans l'archive -qui la travaille. Écrire le procès, en somme, ce serait travailler avec des questions de lecture et d'interprétation, car en tant que scène plus ou moins publique de la réalité sociale, il est perçu comme un enchevêtrement complexe de symboles à décoder : son échafaudage est le produit de gestes, de détails, de mots, d'alibis et de motifs qu'il faudrait patiemment reconstruire, interpréter. Le terrain d'écriture, qui est aussi travail de terrain, est à cet égard fertile. Or, la responsabilité de l'auteur•ice face à la réalité et les faits dont il se fait le ou la témoin demeure problématique. La scène du procès est une scène de justice, de lutte, à laquelle celui ou celle qui en tente l'écriture doit prendre inévitablement part. Feindre la neutralité serait une forme de cécité. Dans cette logique -et à la différence d'une mise Que peut la poésie face aux comparutions immédiates ? Revue critique de fixxion française contemporaine, 26 | 2023