En hommage à Chiara Vangelista, à l'historienne qui depuis tant d'années, et au long de tant de publications inspirantes, a travaillé sur les migrants au Brésil.L'Énigme de l'arrivée, question qui surplombe l'existence de tout migrant. C'est sous ce beau titre emprunté à un tableau de De Chirico 1 que V. S. Naipaul place son autobiographie publiée à Londres en 1987. Il y raconte l'origine de sa famille en Inde et son émigration sous la pression de la misère, sa propre naissance à Trinidad dans les Caraïbes et son arrivée à Londres avec le projet de devenir écrivain. Un parcours pas tout à fait ordinaire, mais qui fait bien ressortir la singularité de cet état de migrant, à la fois sociale, linguistique et symbolique. Je souhaite mettre ces quelques réflexions autour d'Émile Rouède sous l'égide de la question : comment se marque à l'arrivée le parcours du migrant et ses arrachements.Émile Rouède [Avignon 1848-Santos (SP) 1908] est inconnu en France et son existence dans ce pays n'a pas laissé de trace bien qu'il y soit né au moment de la révolution de 1848 et de l'instauration de la deuxième République. Cette circonstance n'est peut-être pas sans rapport avec ce silence. De mère espagnole, on peut imaginer que ses parents, impliqués d'une manière ou d'une autre dans les événements, émigrèrent pour l'Espagne peu de temps après sa naissance.En revanche, on connaît bien Emílio Rouède au Brésil comme un peintre de paysage, actif à Rio de Janeiro, Ouro Preto et Santos où il terminera sa vie (DIAS, Elaine, 2020 : 528). Naturalisé Brésilien en 1884, le Français ouvre à Rio de Janeiro, en collaboration avec João Figueiró, un atelier de photographie qui ne fonctionnera cependant que quelques mois. C'est donc essentiellement comme peintre qu'il aura l'honneur d'avoir L'énigme de l'arrivée.Tentative de reconstruction du parcours d'Émile Rouède ...