Résumé Cet article s’applique à décrypter l’événement qui présente le « modèle de Karlsruhe », un mode de transport original combinant train et tramway, comme une réussite d’envergure européenne en matière de transports urbains. En présentant la réussite comme une évidence, le discours de success story tend en effet à minimiser l’importance des épreuves à travers lesquelles l’innovation émerge et se déploie dans la durée. À ce titre, il néglige de prendre en compte les nombreux équipements d’expertise qui conduisent à la reconnaissance de son succès par-delà les frontières, impliquant l’assemblage de multiples contraintes. La perspective pragmatique retenue dans cet article invite ainsi à se défaire d’une conception mystificatrice de l’étranger pour lui substituer un véritable « art des distances », c’est-à-dire une autre manière de concevoir la grandeur de l’action publique et ses formes de légitimation, à travers la production d’une multiplicité d’agencements collectifs capables de mettre en relations sites, acteurs et projets.
Dans ses premiers développements, la sociologie des sciences a intégré un questionnement sur l’insertion des productions savantes dans des rapports de pouvoir, des mécanismes de légitimation politique et des dynamiques d’institutionnalisation. Elle a en d’autres termes entretenu des liens étroits avec la sociologie politique. L’affirmation des Science and Technology Studies a ensuite conduit à s’éloigner de cette démarche, au bénéfice d’une réflexion très large sur les relations entre savoirs et pouvoirs – davantage ancrée dans la théorie politique. Les articles réunis dans le dossier thématique ici présenté invitent à reprendre le dialogue et à retrouver le chemin d’une sociologie politique des sciences. Pour avancer dans cette direction, il paraît nécessaire de remiser des constructions théoriques qui produisent un effet d’évitement et de se concentrer sur quelques croisements analytiques. Des recherches peuvent porter sur l’autonomie de l’activité scientifique face au pouvoir politique – autrement dit sur le conditionnement politique des sciences et des techniques et sur la capacité des savants à orienter la conduite des politiques publiques. Il convient par ailleurs d’étudier le statut de l’expertise scientifique et ses évolutions, notamment sous l’effet de mécanismes supposés associer les profanes à la prise de décision politique.
Cet article examine le travail des organisations internationales entrepris depuis plusieurs décennies pour intégrer l’environnement dans les comptes des nations. Au carrefour des controverses entourant la mesure du bien-être et l’adaptation à la globalisation/régionalisation économique, les enjeux environnementaux de la soutenabilité représentent sans doute le plus complexe des défis que le Système de comptabilité nationale (SCN) se doit aujourd’hui de relever. La question se pose néanmoins de savoir si le fait de chercher à intégrer les valeurs de soutenabilité dans les comptabilités nationales peut s’accompagner d’un genre nouveau de statistiques, qui accorderait une plus grande place à la protection de la nature et à la tentative concomitante de dépasser un modèle capitaliste prédateur et inégalitaire.
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