Le propos de cet article porte sur la compréhension des logiques qui interviennent dans la définition de la valeur des données de la recherche, celles-ci pouvant avoir une influence sur les critères déterminant leur motivation au partage. L’approche méthodologique repose sur une enquête qualitative, menée dans le cadre d’une recherche doctorale, qui a déployé 57 entretiens semi-directifs. Alors que les travaux menés autour des données sont focalisés sur les freins et motivations du partage, l’originalité de cette recherche consiste à identifier les différents prismes par lesquels la question de la valeur des données impacte la motivation et la décision de leur partage. L’analyse des résultats montre que, tous domaines confondus, la valeur des données reste encore cristallisée autour de la publication et de la reconnaissance symbolique du travail du chercheur. Les résultats permettent de comprendre que la question du partage est confrontée à un impensé : celui du cadre actuel de l’évaluation de la recherche, qui met l’article scientifique au cœur de son dispositif. Ce travail contribue donc à montrer que l’avenir du partage des données dépend des systèmes alternatifs futurs d’évaluation de la recherche, associés à la science ouverte.
Vidal, dévoilait un plan national pour la science ouverte (MESRI, 2018). Doté d'un budget annuel de 3,4 millions d'euros, ce plan entend répondre aux objectifs de l'Amsterdam Call for Action on Open Science, à savoir : le libre accès généralisé à l'ensemble des publications scientifiques et la diffusion des données de la recherche financée sur fonds publics. Le Ministère instaure donc une politique en matière de données de recherche, avec pour ambition de systématiser la structuration, la préservation et l'ouverture des données. A cette fin, il s'engage à mettre en place : des dispositifs techniques, de type entrepôts de données ; des dispositifs financiers, en rendant éligibles les dépenses de traitement des données dans les appels à projet ; des dispositifs pédagogiques, telles des formations à la science ouverte dans les écoles doctorales ; et des dispositifs administratifs, via la création d'un réseau de correspondants, chargés de répondre aux questions des chercheurs et placés sous la coordination d'un administrateur des données. Ces différentes propositions reflètent une logique descendante dans l'instauration des pratiques de gestion des données-logique dont on est en droit de questionner l'efficacité. Un processus de co-construction avec les communautés scientifiques ne serait-il pas préférable (Chartron, 2018) ? En tant que principaux acteurs concernés, les chercheurs paraissent en effet être les mieux placés pour déterminer le potentiel des données qu'ils génèrent ou utilisent. Une co-construction des politiques et des dispositifs d'ouverture des données garantirait par ailleurs une meilleure appropriation par les chercheurs. Dans cet article, nous nous intéresserons à la place qu'occupent les données dans les pratiques de recherche. Nous étudierons en particulier le domaine des Sciences, Technologie et Médecine (STM), en nous appuyant sur six entretiens menés auprès de chercheurs de l'Université de Strasbourg. Ces entretiens font partie d'une enquête plus large, portant sur un échantillon pluridisciplinaire d'une trentaine de projets de recherche. L'enquête s'insère dans le cadre d'une thèse en sciences de l'information et de la communication, dont l'objet d'étude porte sur les données scientifiques et la représentation qu'en ont les différents acteurs impliqués dans leur gestion. Nous étudierons ainsi dans quelle mesure les stratégies de recherche influencent la gestion et l'ouverture des données en STM. Nous présenterons tout d'abord les problématiques liées aux données scientifiques en regard des dynamiques de recherche actuelles en STM. Nous exposerons ensuite notre méthodologie d'enquête auprès des chercheurs de l'Université de Strasbourg. Nous montrerons alors en quoi l'objectif d'un projet de recherche influence la manière dont sont gérées les données.
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