Résumé Les organisations industrielles contemporaines utilisent les médias, et en particulier le film, pour produire et diffuser des connaissances sur les processus de production afin d’entretenir et d’améliorer leur fonctionnement. Au moins depuis les années 1910, le film a joué un rôle majeur parmi ce qu’on pourrait appeler les médias de l’organisation et de la rationalisation, devenant le vecteur essentiel de la mise en place des processus productifs. On prend ici comme exemples deux films allemands, l’un de 1928 et l’autre du milieu des années 1960. Le premier est un film de formation de la firme sidérurgique Krupp. Le second est un film de la confédération ouvrière DGB pour une campagne de syndicalisation. Cet article discute les stratégies filmiques des entreprises face à la disparition du travail humain à la suite de l’informatisation des tâches administratives dans les organisations industrielles. L’introduction des machines à calculer et des ordinateurs équivaut ainsi à rien moins qu’une crise de représentation en termes de visibilité du travail. Les deux films révèlent aussi un conflit important entre les stratégies de représentation des firmes et les politiques de représentation des syndicats ouvriers. Dans une perspective d’étude des médias, l’article considère qu’aussi bien cette crise que ce conflit sont intimement liés aux politiques du travail dans les organisations industrielles.
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