L’analyse des risques en radiothérapie participe directement à la radioprotection des patients et en est une composante essentielle. En France, des difficultés d’appropriation et d’utilisation ont émergé de l’application en radiothérapie de la méthode AMDEC (analyse des modes de défaillance, de leurs effets et de leur criticité) fondée sur l’analyse des modes de défaillance. Pour répondre aux besoins des analystes d’ouvrir la discussion sur les risques quotidiens et d’améliorer la sécurité des soins à l’échelle de l’organisation, le présent article propose de changer de cadre conceptuel. Les espaces de partage et d’exploration de la complexité du travail (EPECT) – expérimentés dans cette recherche – sont des espaces de discussion organisés qui proposent de mobiliser de nouveaux principes méthodologiques pour aider les analystes à faire le lien entre des situations de travail d’une équipe médicale et les situations risquées pour les patients traités par rayonnements ionisants. Cette approche de l’analyse des risques se veut positive car elle privilégie l’analyse de la performance d’une équipe plutôt que ses modes de défaillance. Au-delà de la conception d’une démarche d’analyse, cette recherche invite à questionner la transformation du travail, à analyser la cohérence des dimensions structurelles et opérationnelles de l’organisation et à adapter la conception des organisations.
The traditional approaches to safety in risk activities have been applied to radiotherapy following the occurrence of serious accidents. This strategy is based on the characterization of specific risks and the definition of preventive and protective measures, particularly for the implementation of safety barriers. Evaluating the performance of safety barriers makes it possible, in theory, to determine the level of risk control. This article presents a literature review that highlights the limits of the safety barrier concept. To overcome these limitations, we then introduce the notion of “activities contributing to safety” (ACS). This concept allows us to better take into account the managerial, contextual, organizational and human dimensions of safety and to promote risk control through a more realistic approach.
en Français La complexité croissante des situations de travail en radiothérapie (évolutions des technologies, dynamique de changement, accroissement des contraintes, évolution de l'action collective, des métiers, des interfaces entre les Hommes, des Interfaces Homme-Machine, etc.) et les limites des méthodes classiques de type AMDEC (Analyse des Modes de Défaillances, de leurs Effets et de leur Criticité) pour analyser les risques encourus par les patients en radiothérapie génèrent des difficultés pour identifier comment les situations de travail d'une équipe soignante peuvent conduire à des situations risquées pour les patients. Ce constat nous a amené à développer une nouvelle méthode d'analyse des risques : les Espaces de Partage et d'Exploration de la Complexité du Travail (EPECT). L'objectif de cet article est de présenter cette démarche visant à mieux sécuriser un processus de soin (fiabilisation des pratiques, mise à jour du travail prescrit, définition de mesures de prévention et de correction, poursuite des réflexions) à partir d'une compréhension de la complexité des situations de travail en radiothérapie et d'une modification de notre manière de penser les risques.
Résumé en anglaisThe increasing complexity of radiotherapy work situations (technological developments, dynamics of change, increased constraints, evolution of collective actions, of professions, of interfaces between people, of humanmachine interfaces, etc.) and the limits of traditional FMEA method (Failure Mode and Effects Analysis) for analysing the risks incurred by radiotherapy patients generate difficulties in identifying how the work situations of a healthcare team can generate risky situations for patients. This observation has led us to develop a new method of risk analysis: the Work Complexity Sharing and Exploration Spaces (EPECT in French). The objective of this article is to better secure a care process (making practices more reliable, updating prescribed work, defining preventive and corrective measures, continuing reflections) based on an understanding of the complexity of radiotherapy work situations and a change in our way of thinking about risks.
À la suite de la survenue des accidents d’Épinal (détecté en 2006) et de Toulouse (détecté en 2007), la radioprotection des patients a été remise en avant dans le travail de tous les acteurs concernés et s’est imposée de fait comme incontournable. En conséquence, la réglementation concernant la gestion des risques en radiothérapie a évolué en France. En l’absence de méthode propre pour analyser les risques médicaux, des méthodes d’analyse des risques issues des sciences de l’ingénieur ont été transposées en 2009 en radiothérapie. Il s’agit notamment de la méthode d’analyse des modes de défaillance et de leurs effets (AMDEC) adoptée par l’Autorité de sûreté nucléaire dans son guide méthodologique. Mais l’application de l’AMDEC en radiothérapie a révélé des difficultés d’utilisation qui entrent en résonance avec certaines difficultés décrites dans la littérature internationale. Cet article, issu d’une recherche en ergonomie conduite dans le domaine de la gestion des risques et de la sécurité des patients en radiothérapie, fait le point sur les forces et faiblesses de la méthode AMDEC.
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