La « nationalité » dans les discours parlementaires britanniques au XIX e siècle Dans cet article, nous examinons le mot nationality, son évolution sémantique et l'utilisation stratégique dont il fait l'objet par les parlementaires britanniques tout au long du XIX e siècle.* Si nous avons choisi de focaliser notre étude sur le mot nationality, c'est dans une perspective de recherche affiliée à l'histoire des concepts et des idées politiques, dont les praticiens cherchent depuis de nombreuses années à exploiter la disponibilité toujours croissante des corpus numérisés, ainsi que les méthodes d'analyse de données textuelles développées à l'origine par la linguistique. 1 Nous considérons que l'étude du mot nationality peut à la fois offrir un exemple du potentiel d'application de méthodes déjà bien connues dans d'autre champs d'étude 2 , et constituer un premier pas vers une étude plus ambitieuse de l'émergence du concept britannique de la nation au XIX e siècle 3 . Le mot nationality permet en outre des comparaisons fécondes avec le mot français nationalité, qui a fait l'objet de plusieurs études en France, notamment par Lucien Febvre et Gérard Noiriel (Febvre, 1999 ;Noiriel, 1995). L'étude deG. Noiriel, qui s'appuie sur une analyse statistique des textes rassemblés dans la base de données Frantext 4 , démontre que la popularité croissante du mot nationalité au XIX e siècle, et les tensions sémantiques dont il fait l'objet, reflètent les enjeux politiques de la France postrévolutionnaire, et l'élaboration au fil du siècle de nouvelles conceptions d'appartenance à la nation et à l'État 5 . L'évolution du mot nationality au XIX e siècle est-elle comparable à celle de nationalité, et reflète-t-elle également l'émergence d'un concept d'état-nation, qui exigerait de définir la nationalité en établissant des critères d'appartenance à l'État ? Nous abordons la question en examinant un siècle de débats législatifs à la Chambre des Communes et à la Chambre des * Nous tenons à remercier les coordinatrices du dossier ainsi que trois évaluateurs anonymes pour leurs remarques et commentaires, qui ont grandement enrichi notre réflexion. Nos remerciements également à David King, Francesca Benatti et Lise Vaudor. 1 L'histoire des concepts et l'histoire intellectuelle sont deux approches voisines qui historicisent et contextualisent le langage politique (Koselleck, 2002 ;Skinner, 1978). Pour une discussion du potentiel des corpus numérisés pour ces approches et des défis méthodologiques qu'ils posent, voir Armitage et Guldi, 2014, p. 88-116. 2 En France, l'analyse de données textuelles a été développée dès les années 1960 dans une perspective littéraire (notamment par Charles Muller), mais également politique (en particulier au Laboratoire de lexicométrie de Saint-Cloud). Avec la facilitation de la numérisation de données textuelles et un accès plus facile aux données numérisées, l'analyse du discours politique a connu de nouveaux développements au XXI e siècle (parmi de nombreux exemples,
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