Cet extrait est tiré du roman publié au Caire par Sonallah Ibrahim sous le titre Tilka-lrà'iha en 1966 et censuré dès sa parution. Après deux éditions expurgées parues ensuite, l'une à Beyrouth (Shi'r,n° 39, automne 1968), l'autre au Caire (Dâr el-Thaqâfa el-Jadîda, 1969, reprise par Kitâbât Mo'âçira, 1971 ; Dâr Qorloba (Casablanca) et Dâr Shohdi (Le Caire-Khartoum) ont publié la première édition arabe non censurée et non expurgée, augmentée d'une préface nouvelle de l'auteur. Ce texte, traduit de l'arabe par Richard Jacquemond, doit paraître aux éditions Actes Sud au printemps 1992.1 Yéhia Hakki, rencontré récemment à quelque occasion, me demanda si je me souvenais de sa critique de mon premier roman, Cette odeur-là, lors de sa parution en février 1966. Comme je lui répondais que oui, il voulut savoir ce que j'en pensais maintenant, près de vingt ans après, et, plus généralement, comment je jugeais le livre. Sur le moment, j'avais presque tout oublié du roman : je ne l'avais pas relu depuis des années, et je n'ai pas pour habitude de revenir à ce que j'ai écrit -expérience frustrante, ou, au mieux, ennuyeuse. Mais la critique de Yéhia Haqqi, elle, je ne l'ai jamais oubliée. J'avais remis le manuscrit à une petite imprimerie rustique du quartier de Daher. C'était un de ces rares moments dans l'histoire moderne de l'Égypte où la loi martiale avait été levée : l'autorisation préalable de la censure n'était pas nécessaire pour faire imprimer un livre. Officiellement, du moins, car en réalité, le censeur était toujours là ; simplement, son bureau ne portait plus d'enseigne, et il interdisait les livres non plus avant, mais après l'impression.