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J'ai choisi de m'interesser, au debut des annees quatre-vingts, a Violette Leduc, dans la lignee des etudes consacrees a ce que Beatrice Didier a appele "l'ecriture-femme"-terme par ailleurs preferable a celui "d'ecriture feminine"-pour evoquer le lien profond et complexe entre l'ecriture et l'identite sexuelle.! La personnalite de l'auteur est fascinante : une vie en marge des conventions, une attitude provocatrice rnais, en merne temps, tant de chaleur et d'enthousiasme: ce caractere exceptionnel lui valut rien de moins que l'admiration de Genet, Cocteau, Beauvoir et Sartre, pour ne citer que ceux-la. A cette fascination se rnele une qua lite particuliere d'identification, que semblent partager les lecteurs enthousiastes de Violette Leduc.s Ce n'est pas tant sa vie qui seduit, que la voix toute personnelle qui se laisse entendre dans son eeuvre. Comrnencons neanmoins par rappeler brievement le parcours de cet ecrivain et surtout les aleas de ses succes a travers les formes multiples de censure subies par son ceuvre.Nee a Arras en avril 1907 , d'un fils de famille qui mourra jeune d'une maladie pulmonaire et de Berthe Leduc, la bonne, Violette Leduc n'est pas reconnue par son pere. Berthe l'eleve a Valenciennes avec l'aide de la grand-mere, nornmee "Fideline" dans L'Asphyxie. Le mariage de Berthe avec un riche cornmercant, Ernest Dehous, coincide avec la mise en pensionnat de Violette a Valenciennes, puis a Douai. Renvoyee pour raison de "meeurs" (c'est l'episode qu'elle evoquera dans Therese et Isabelle) elle est inscrite a Paris au lycee Racine. Elle echoue au baccalaureat et entre pour deux ans chez l'editeur PIon. Apres une periode sans travail, elle devient standardiste chez l'impresario Denise Batcheff. C'est la qu'elle rencontre l'ecrivain Maurice Sachs, qui l'encourage a entreprendre le recit de son enfance: ce sera L'Asphyxie. En 1945 elle fait la connaissance de Simone de Beauvoir, qui l'aide a publier ses ceuvres chez Gallimard. Seront publies L'Affamee (1948( ), Ravages (1955, La Vieille Fille et le Mort (1958), et Tresors d prendre (1960, un recit de voyage. Dans ces ceuvres originales elle n'aborde pas franchement le recit de sa vie, si ce n'est par le choix de certains episodes qui l'ont marquee affectivement. Plus tard Simone de Beauvoir lui conseille d'ecrire une autobio-1 Cette notion d"'ecriture feminine" fut, d'ailleurs, rapidement abandonnee -peutetre parce qu'elle menait aune impasse -mais aussi parce que les etudes sur les femmes amorcaient a cette epoque un declin concomitant a celui du combat feministe. (Voir Beatrice Didier.L'Ecriture-femme. Paris: P.U.F. , 1981.
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