Résumé -Depuis 2008, le Burkina Faso a adopté le coton-Bt en milieu paysan, à partir de variétés africaines transformées. L'étude menée est la première étude ex post, couvrant la période de 2008-2013, relative aux impacts financiers respectifs des sociétés cotonnières et des paysans, chaque catégorie étant prise globalement. L'étude est originale en tenant compte de la transformation génétique imparfaite des variétés utilisées. L'étude évalue les impacts financiers d'une situation réelle d'utilisation du coton-Bt par rapport à une situation de référence sans recours au coton-Bt. L'évaluation est faite aussi par rapport au scénario anticipé lors de la décision d'adoption et dont l'hypothèse d'un gain de rendement au champ de 30 % n'a pas été confirmée. L'évaluation est réalisée par la méthode de budget partiel avec des calculs de sensibilité à trois critères, industriel, commercial et du prix mondial. Pour les paysans, l'impact financier est positif, mais le ratio de rentabilité du surcoût des semences est à peine acceptable. Pour les sociétés cotonnières, l'impact financier est modeste et est devenu négatif à mesure que le prix mondial du coton est descendu de son record historique, en raison du manque à gagner en quantité de fibre produite, de la réduction en longueur du coton fibre et de l'application d'un malus à la vente à l'exportation. L'image d'un pays fournissant habituellement un coton de qualité est négativement affectée. L'adoption du coton-Bt au Burkina Faso constitue un cas rare d'évolution technologique induisant une divergence d'impacts entre les deux catégories d'acteurs avec une incidence négative potentielle sur le financement de la recherche pour poursuivre le progrès technique.
Mots clés : biotechnologie végétale / évaluation d'impact / transformation génétique / variétés / revenuAbstract -Financial impacts of Bt-cotton on cotton companies and producers in Burkina Faso. Since 2008, Burkina Faso has been using Bt-cotton through engineered African varieties. The study -covering the 2008-2013 period -is a first ex post assessment of the financial impacts for cotton companies on the one hand, and producers taken on the whole, on the other hand. The study is original in taking into account the imperfect engineering of the varieties used. Impacts were assessed for a real situation of Bt-cotton use compared to a reference situation with no Bt-cotton use. Impacts were also evaluated in comparison to the scenario expected when a decision to adopt was made, for which the assumed 30% yield increase did not come about. Impacts were evaluated by the partial budget method, considering susceptibility to three criteria in industrial, commercial and world price areas. For farmers, the financial impact was positive, although the profitability rate of the extra cost of Bt cottonseeds was barely acceptable. For cotton companies, impacts were modest and became negative when world price dropped from its historic high as a result of fiber production shortfalls, fiber length decreases and discount at export sales. T...
China is one of the largest cotton producing countries in the world thanks to high yields, on which a variety registration system has mainly focused, so that a lack of quality is nowadays acknowledged as a weak point of the cotton industry in that country. The objective of this study was to check the hypothesis that bias in cultivar selection in favor of yield has been maintained through the application of an imperfect selection index (SI), but that a better outcome is possible. Our demonstration is based on an analysis of the data from ten years of cotton variety trials using genotype-by-trait biplots, implemented both for the cultivar selection index (SI) currently applied in China and for an adjusted selection index (ASI) that more effectively took into account the antagonism between yield and quality traits. The main findings were: 1) significant negative associations between yield and fiber quality hindered their simultaneous improvement; 2) registered genotypes were mainly determined by the SI which was primarily yield-oriented; 3) no progress in fiber quality was recorded unlike yield; 4) balanced progress in yield and quality is possible through an adjusted selection index (ASI) guided by genotype-by-trait biplot analysis.
L’avantage économique des cultures transgéniques pour les producteurs des pays en développement reste un sujet de préoccupation et de controverse. Seules quelques études ont pris en compte les différences entre producteurs pour comprendre les performances variables des cultures transgéniques, notamment dans le cas du coton Bt incorporant des gènes de la bactérie Bacillus thuringiensis pour la résistance à certains ravageurs du coton. Notre étude d’évaluation concerne le Burkina Faso où la diffusion à grande échelle du coton Bt a commencé en 2009 et a été suspendue en 2016. Elle aborde plus particulièrement les pratiques des producteurs, dans des exploitations différenciées selon le niveau d’équipement en culture attelée, la première année d’adoption à grande échelle du coton Bt et de diffusion de recommandations adaptées de traitement insecticide. Nous avons trouvé que le coton Bt augmentait les rendements, mais dans une moindre mesure que prévu ; de plus, une augmentation de la rentabilité n’a été observée que dans les exploitations bien équipées en culture attelée (les plus aisées), mais pas pour les autres, plus démunies et représentant 58 % des producteurs. Cela résulte des stratégies des producteurs démunis consistant à réduire les dépenses monétaires pour les engrais minéraux et les insecticides, stratégies exacerbées par le prix élevé des semences de coton Bt. Le cas étudié indique que les premiers impacts d’une nouvelle technologie dépendent de son prix et de la prise en compte, ou pas, du comportement des producteurs les plus démunis.
Dans la perception des profanes, le coton est encore considéré comme la culture consommant le plus d’insecticides néfastes pour la santé et l’environnement. Une telle mauvaise image n’est plus justifiée selon une étude internationale de l’Expert panel on Social, environmental and Economic Performance of cotton production (SEEP), mais les pays producteurs ont peu analysé et informé sur l’évolution de l’utilisation des insecticides. L’article comble cette lacune dans le cas du Togo. Il concerne une étude basée sur la reconstitution des séries de données des surfaces emblavées et d’insecticides distribués aux producteurs de coton de 1990 à 2010. Les données sur les insecticides portent sur les volumes distribués et leur composition en matières actives pour déduire la consommation de matières actives par hectare. En s’inspirant de l’étude internationale mentionnée qui avait compilé les indices d’écotoxicité des matières actives, les charges toxicologiques vis-à-vis de plusieurs organismes ont été calculées pour cerner les dangers potentiels liés aux insecticides utilisés. Ces charges ont été définies pour permettre de cerner l’évolution dans le temps ou de comparer les pays. La consommation de matières actives insecticides au Togo a chuté régulièrement jusqu’à un litre/hectare, au même niveau que l’Australie qui recourt par ailleurs aux variétés génétiquement modifiées. La charge toxicologique, pesant sur l’homme mais aussi sur divers éléments de la faune comme les abeilles ou les daphnies des cours d’eau, a diminué quoique de manière moins régulière. Cette évolution est la conséquence d’une protection limitée des cultures cotonnières depuis trois décennies, à moins de six traitements, et de l’adoption de nouvelles générations de molécules insecticides. Au Togo, l’utilisation des insecticides dans la culture cotonnière a évolué dans une direction plus compatible avec le souci de la santé humaine et de la préservation de l’environnement. Une telle évolution devrait être extrapolable à tous les pays cotonniers de l’Afrique francophone où des études similaires mériteraient d’être réalisées.
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