La carte figure en bonne place parmi les usages de la géographie dans la littérature policière. Plus précisément, la « carte au trésor » connaît aujourd'hui un regain d'intérêt, sous un genre que l'on pourrait également qualifier de « polar ésotérique » 1 . On peut estimer que les aventures d'Arsène Lupin imaginées par Maurice Leblanc ont inventé ce genre littéraire. Avant lui, Alexandre Dumas avait déjà réinterprété l'histoire mais sans quête de trésor ni trame policière. Les autres héros contemporains de Lupin (Rouletabille, Sherlock Holmes…) ne chassent pas non plus les trésors. C'est ce que relève Maurice Leblanc lui-même dans une courte mise au point en 1933, Qui est Arsène Lupin ? Selon Maurice Leblanc, avant lui, seul Edgar Poe a suivi « ces deux voies, mystère et police ». Mais il souligne que selon lui, « l'originalité » de son oeuvre tient à l'intérêt de Lupin pour le passé historique et même légendaire :« Découvrir la solution de problèmes très anciens […] les faits sont contemporains mais l'énigme est historique […] établir un roman d'aventures policières sur de telles données, élève forcément le sujet ». 2 L'énigme est historique, mais également, même si Leblanc ne le précise pas, géographique. Il prend ainsi l'exemple de la pierre-des-rois-de-Bohème, réputée miraculeuse sur l'Ile aux trente cercueils. Trouver la solution de l'énigme nécessite autant de culture géographique qu'historique : « Arsène Lupin découvre qu'un navire qui apportait ce rocher de Bohème a échoué là du temps des druides, et que les miracles dont on parlait étaient dus au radium que contenait cette pierre (on sait, en effet, que la Bohème en est la plus grande productrice) » (Qui est Lupin ?, p. 1).3
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