À l’instar de plusieurs villes occidentales, la capitale canadienne a mis en place, dès le tournant du 21e siècle, une politique de densification urbaine pour contrecarrer les effets néfastes de l’étalement urbain. C’est dans ce contexte qu’elle lança son premier projet de reconversion de friche en quartier durable, à savoir celui des Plaines LeBreton. Après être restées près de quarante ans à l’état de terrain vague − gagné à coups d’expropriations massives durant les années 1960 −, les Plaines accueille aujourd’hui une des plus importantes réalisations « durables » de la capitale. Cependant, dès son annonce en 1998, le projet suscita de fortes réactions, largement manifestées dans l’espace médiatique. Au-delà des questionnements sur les impacts potentiels du projet, cet article s’attarde sur les espoirs, mais aussi sur le « souvenir douloureux », qu’il a pu éveiller chez les francophones expropriés. Le récit de la rénovation urbaine des années 1960 est ainsi convoqué pour justifier leur retour dans le nouveau quartier, un retour évoqué comme une « dette de justice » envers la minorité francophone de la capitale.Following the example of many Western cities, the Canadian capital implemented, at the turn of the 21st century, an urban densification policy to counteract the harmful effects of urban sprawl. In that context, it launched its first project to convert a brownfield into a sustainable neighbourhood − the LeBreton Flats. After having been a vacant lot for nearly forty years, and struck with massive expropriations during the 1960s, the terrain today accommodates one of the largest “sustainable” realizations of the capital. However, since its launch in 1998, the project has been met with heated reactions, as reported in the media. Aside from concerns over the potential impacts of the project, the reactions concerned the hopes as well as the “painful memories” which the project could stir up among the expropriated Francophones. The urban renewal of the 1960s is then used as an argument in support of a return of the Francophones to the new neighbourhood − a return considered to be the “debt of justice” with the Francophone minority of the capital
Découvrir la revue Citer cet article Benali, K. (2013). La densification urbaine dans le quartier Vanier : germe d'un renouveau urbain ou menace pour le dernier îlot francophone de la capitale canadienne ?. Cahiers de géographie du Québec, 57(160), 41-68. https://doi.org/10.7202/1017804arRésumé de l'article Petite cité ouvrière au XVIII siècle, le quartier Vanier est aujourd'hui un centre urbain dynamique, intégré à la municipalité d'Ottawa dont il bénéficie du développement économique, tout en s'affichant comme le principal bastion francophone et creuset de la culture francoontarienne de la capitale. Toutefois, le quartier vit une réalité à deux vitesses : demeurant un des espaces les plus défavorisés d'Ottawa, en lien avec son passé ouvrier, il connaît depuis peu une relance économique, touristique et immobilière sans précédent, qui n'est pas sans poser un défi identitaire à ses résidants. Face aux intentions louables des tenants du développement durable prônant la densification du secteur, comment lutter pour la préservation des spécificités culturelles de Vanier, quartier typiquement canadienfrançais dans un paysage sociospatial à dominante anglophone ? Le renouveau urbain se ferait-il en vérité au bénéfice d'une nouvelle population, plus aisée, venue s'implanter à Vanier avec les dernières grandes opérations d'aménagement ? Dans cet article, nous nous proposons, dans le cadre d'une monographie du quartier et d'un conflit urbain y ayant pris place, de revenir sur les arguments identitaires, relayés ici par la presse écrite, mobilisés pour faire barrage à un projet de densification urbaine. Mots clésVanier, quartier francophone d'Ottawa, revitalisation urbaine, New-build gentrification, densification urbaine. AbstractFrom a small industrial town in the eighteenth century, Vanier has now become a thriving urban center, incorporated into the municipality of Ottawa and benefiting from its economic development, while serving as the National Capital's main French-language stronghold and a focal point for Franco-Ontarian culture. However, the district is today facing a two-tiered reality: while its working-class character means it remains one of the least prosperous parts of Ottawa, it is enjoying an unprecedented upturn in its economic, tourism and real-estate activity,Version originale soumise en août 2012. Version révisée reçue en février 2013. Cahiers de géographie du QuébecVolume 57, numéro 160, avril 2013 a situation with major ramifications for how its citizens define their identity. In responding to the laudable arguments for urban intensification put forward by proponents of sustainable development, how best can they fight to protect the cultural specificity of Vanier, this quintessential French-Canadian neighbourhood, this island in a predominantly English-speaking socio-spatial landscape? Is urban redevelopment in fact favouring a new, more affluent type of resident, looking to settle in Vanier to benefit from recent major development projects? Our article, based on a monograph on the district and an u...
Lorsque la municipalité d’Ottawa approuve en 1966 le plus vaste projet de rénovation urbaine jamais entrepris au Canada, à savoir celui de l’est de la Basse-Ville, le principal quartier francophone de la capitale, le journal Le Droit affiche un enthousiasme débordant. Il n’hésite pas à soutenir cette initiative, née d’une volonté de moderniser un centre-ville marqué par l’insalubrité. Il faudra attendre près d’une dizaine d’années, lorsqu’une grande partie du plan aura été réalisée, pour assister à un revirement dans la position du journal, qui constate alors les effets dévastateurs de la rénovation urbaine sur les conditions de vie des habitants. Les prises de position initiales des journalistes ont été influencées par le manque d’expertise des informateurs issus de la communauté locale. Les spécificités du journalisme de proximité desservant une population minoritaire ont ainsi joué un rôle dans la couverture du Droit. Telle est la thèse que nous explorons ici, à travers l’analyse de contenu du journal sur une période de près de 15 ans.
La reconversion des friches industrielles en quartiers durables : Aperçu théorique Mots-clésFriches industrielles, développement urbain durable, quartiers durables, mixité sociale. AbstractIn the current context of sustainable urban development, the intensification of existing built spaces has emerged as a credible way to counter urban sprawl and its negative effects. Brownfields, large and often well located in the heart of cities, hold potential for major development projects in this respect. These under-utilized spaces have recently become prime targets for the creation of sustainable or eco-neighborhoods. First developed in countries of Northern Europe, this kind of neighborhood has now spread to Europe and North America. However, despite the fact that they have been well received and grown in popularity as a result of their promise and their appeal to what might be called «virtuous» urbanism, some lines of criticism against them are now appearing in specialized literature. The present article will first use a review of the recent literature to define this urban movement, and then discuss the main criticisms formulated against it. KeywordsBrownfields, sustainable urban development, sustainable neighbourhoods, social mixity.Version originale soumise en novembre 2011. Version révisée reçue en juillet 2012. Cahiers de géographie du QuébecVolume 56, numéro 158, september 2012 ResumenEn el contexto actual de desarrollo urbano sostenible, la densificación de construcciones urbanas se impone como una solución adecuada para contrarrestar el crecimiento urbano y sus consecuencias nefastas. Los grandes baldíos industriales, a veces bien situados en el centro de las ciudades, representan un gran potencial de desarrollo. Esos espacios subutilizados se vuelven lugares privilegiados para construir barrios ecológicos o «sostenibles». Esos barrios modelo, desarrollados primeramente en Europa del norte, se han difundido en toda Europa y finalmente en América del norte. Si de manera general han tenido una acogida favorable y gran popularidad, gracias a las promesas de un urbanismo «virtuoso», aparecen de más en más líneas críticas de los documentos escritos especializados. A partir de un examen de documentos escritos recientemente, este artículo intenta definir ese movimiento actual en planeamiento urbano, para luego presentar las principales crítica que les son dirigidas. Palabras clavesBaldíos industriales, desarrollo urbano sostenible, barrios sostenibles, mezcla social.
Jacques Gréber, architecte-urbaniste français connu pour ses réalisations en Amérique du Nord, a véritablement été l’architecte des villes d’Ottawa et Hull lorsqu’il réalisa, en 1950, le Plan de la capitale nationale. Jusqu’à cette date, Ottawa et Hull, villes industrielles se faisant face sur les rives de la rivière des Outaouais, avaient connu une croissance spontanée et incontrôlée. Soucieuses d’embellir et d’articuler les deux villes pour en faire un seul district fédéral, ses réalisations bénéficiaient à l’époque d’un certain engouement. Il faudra en fait attendre le tournant du XXIe siècle, lorsque ce plan sera réalisé en grande partie et qu’il sera réactualisé partiellement par les instances publiques pour les futurs aménagements de la capitale, pour assister à toute une polémique sur l’héritage de Jacques Gréber. Notre article propose donc, après un survol des réalisations de cet urbaniste, une analyse des critiques adressées à cet héritage urbanistique.Jacques Gréber, the French landscape architect and urban designer widely recognized for projects executed in North America, became the true architect of the towns of Ottawa and Hull when, in 1950, he produced his Plan for the National Capital. Until then, the industrial towns of Ottawa and Hull, located on opposite sides of the Ottawa River, had known only spontaneous and uncontrolled growth. As an instrument for beautifying the two cities and forging them into a single federal district, Gréber’s project generated considerable enthusiasm. It was not until the beginning of the 21st century, when a substantial amount of the plan had already been implemented and public authorities were looking for ways to adapt it to the future development of the National Capital, that controversy over the legacy left by Jacques Gréber really began to heat up. Our article provides both an overview of the achievements of this urban designer and an analysis of the criticism directed today at his urban legacy.Jacques Gréber, arquitecto-urbanista francés, conocido por sus realizaciones en América del Norte, ha sido verdaderamente el arquitecto de las ciudades de Ottawa y Hull cuando en 1950 realizó el Plano de la capital nacional. Hasta esa fecha, Ottawa y Hull, ciudades industriales situadas frente a frente a lo largo del rio Outaouais, tuvieron un crecimiento incontrolado y espontaneo. Las realizaciones del arquitecto se preocupaban de embellecer y articular las dos ciudades en un solo distrito federal. En aquella época sus realizaciones beneficiaron de cierta pasión. De hecho, deberá esperarse hasta los comienzos del siglo XXI para asistir a toda una polémica sobre la herencia de Jacques Gréber, cuando el Plano estaba casi terminado y actualizado por las instancias públicas para el futuro desarrollo de la Capital. Nuestro artículo propone un análisis de las críticas dirigidas a su herencia urbanística, luego de presentar una visión general de sus realizaciones
Résumé Depuis sa désignation comme capitale en 1857, Ottawa n'a cessé d'être l'objet de polémique, remettant en cause sa capacité à incarner le Canada. Cet article se propose d'analyser un débat médiatique récent sur l'image de la ville, initié par la publication dans le journal The Ottawa Citizen d'extraits du livre The Unfinished Canadian d'Andrew Cohen. Vingt‐quatre intervenants—journalistes, citoyens, politiciens et acteurs communautaires—ont pris position dans cet échange, dressant l'image d'une ville déchirée entre deux rôles : d'une part, être une capitale représentative des Canadiens et, d'autre part, être un lieu de vie agréable pour ses habitants. Une question cruciale sous‐tend cette tension permanente, question qui a influencé considérablement l'aménagement d'Ottawa et s'avèrera tout aussi fondamentale lors des choix de développements futurs de la ville : comment dépasser la contradiction flagrante entre l'image monumentale que les planificateurs tentent de projeter sur la capitale et celle que les citoyens se font réellement de leur ville ? Est‐il possible de réconcilier ces deux visions ?
Résumé Les populations marginalisées sont particulièrement présentes dans certains quartiers centraux. Or, ces quartiers qui montrent habituellement des signes de déclin font aussi généralement l’objet d’opérations de revitalisation qui visent à y attirer de nouveaux résidants et à y promouvoir de nouvelles activités économiques. Les populations marginalisées représentent alors des « nuisances » à la fois pour les autorités publiques, les investisseurs privés et les résidants. Les espaces qu’elles investissent font ainsi l’objet de conflits d’appropriation. Ces conflits sont analysés à partir d’une recherche menée dans deux quartiers centraux, à savoir Centre-Sud à Montréal et Saint-Roch à Québec.
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