La fonction sociale de l'éducation pour la santé génère un questionnement propre qui est par nature différent de ceux soulevés par les interventions de protection telles que la vaccination obligatoire et les dépistages de masses. L'éducation pour la santé ne se présente plus uniquement sous la forme d'une intervention éducative justifiée par les évidences épidémiologiques pour la gestion des risques-au nom du principe de précaution-; mais elle se veut aussi participer à la hiérarchie implicite des valeurs de la société contemporaine. A la fois lieu de la normalisation et de la rationalisation de la vie, mais aussi lieu de la responsabilité citoyenne véhiculant des valeurs telles l'autonomie, la liberté individuelle, le libre arbitre, elle participe aujourd'hui à la laïcisation des corps, et aux compétences psychosociales et demain au développement durable de la santé publique. L'éducation pour la santé implique une connaissance des enjeux propres à la fonction sociale de l'éducation contingente à la santé publique qui sont insensiblement mais profondément liés à une archéologie des savoirs et des pouvoirs: des épistémologies des sciences de la vie et du vivant, des concepts et des méthodes qui ont naturalisé l'objet santé. Cette archéologie assigne à l'éducation une fonction sociale à la fois de biologisation de la vie, mais aussi de durabilité du développement humain en hésitant entre nature et culture. Par une approche réflexive et critique, nos travaux de recherches participent à une élucidation des modes d'intervention éducatifs en santé publique, où le travail éducatif est entendu comme une modalité d'intervention dans les mandats de la santé publique. Il permet d'identifier une réalité sociale et historique étroitement liée aux traditions, aux conditions nationales, mondiales, économiques, politiques et culturelles des Etats dans lesquelles il s'est développé pour penser les conditions d'une éducation pour la santé tout au long de la vie. Nous élaborons une posture de recherche autour de la conceptualisation de l'intervention éducative en santé publique à partir de l'étude de différentes dimensions psychopédagogique, didactique, organisationnelle et sociale. (Promot Educ 2008; Supp(1): 14-16)
Cet article repose sur une thèse centrale forte : l'usage social et politique de la recherche en santé publique mène au constat qu'il ne peut pas exister de dispositifs d'éducation à la santé favorables au développement durable, sans une justice cognitive dans la mesure où, l'épistémologie est la première source des inégalités que ce soit dans les domaines de l'éducation, ou de la santé, ou du développement durable. Pour préciser cette thèse, l'article est une première étape d'une longue réflexion qui tente de répondre à la question suivante : En quoi, jusqu'où et comment les épistémologies du Sud sont-elles une grille de lecture pertinence pour la construction d'une éducation pour la santé durable ? Pour amorcer cette démarche, une première réponse est consacrée à un ensemble de questions autour de la critique des épistémologies dominantes euro-centrées du Nord en interrogeant l'épistémé de la recherche en santé publique dès qu'elle fait un usage social et politique de l'éducation dans le champ de la santé publique et du développement durable. Une conclusion ouvre des portes au Buen Vivir et à sa transférabilité dans les recherches pour une éducation pour la santé durable critique. ABSTRACT. This article is based on a strong central thesis: the social and political use of public health research leads to the observation that there can be no health education devices conducive to sustainable development without cognitive justice to the extent that epistemology is the primary source of inequality in the areas of education, health, or sustainable development. To clarify this thesis, the article is a first step in a long reflection that attempts to answer the following question: How, how far and how the epistemologies of the South are a reading grid relevance for the construction of an education for sustainable health? To begin this process, an initial response is devoted to a series of questions around the critique of dominant euro-centered epistemologies in the North by questioning the episteme of public health research as soon as it makes a social and political use of information, education in the field of public health and sustainable development. MOTS-CLÉS. Santé publique, doxa, justice cognitive, savoirs scientifiques, savoirs écologiques et savoirs prudents, épistémologie du Sud, épistémicide, extractivisme, buen-vivir.
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