Gilles Lazuech est maître de conférences au département de sociologie de l'université de Nantes et membre du Centre nantais de sociologie (CENS). Ses principaux thèmes de recherche sont l'insertion par l'activité économique et la sociologie de l'argent. Il a publié notamment : Sortir du chômage, retrouver un emploi. Ethnosociologie d'une entreprise d'insertion, Paris, l'Harmattan, 2005 ; avec Pascale Moulévrier, « Les conduites économiques des populations économiquement marginales », Exclusion et liens financiers, Rapport 2004 du Centre Walras, Paris, Économica, 2005 ; avec Pascal Guibert, « Des professeurs en quête d'identité sociale et professionnelle », in Parcours professionnels et formation. Entre reproduction institutionnelle et invention personnelle, Claude Dubar et Anette Gonnin-Bolo (Dir.)., collection « Le Lien Social », PUF, à paraître fin 2006 ; Contributions à une sociologie des conduites économiques, Gilles lazuech et Pascale Moulévrier (Dir.), Paris, l'Harmattan, 2006. L'auteur dédie le présent article à Charles Suaud, ancien directeur de l'Unité de formation et de recherche (UFR) de sociologie de l'université de Nantes, ancien directeur du CENS et directeur de sa thèse.
S e c t e u r d 'a c t i v i t éL'économie dite sociale et solidaire 1 a pris, depuis les années 80, un essor significatif en France comme dans la plupart des pays développés. Certaines de ses activités économiques se sont structurées en réseau, ont développé une production originale ou du moins compétitive, et, pour finir, sont devenues créatrices d'emplois au cours des années 90. En 2004, dans le secteur associatif, on comptait environ 1 500 000 emplois. Longtemps marquée par le bénévolat, l'idéal démocratique et une volonté d'indépendance vis-à-vis des autres secteurs de l'économie, l'économie sociale et solidaire, du moins une partie de ses composantes, s'insère de 1 Il n'y a pas, à ce jour, de définition univoque du champ d'activités couvert par l'économie sociale et solidaire. De façon très générale, les activités productives non lucratives, hors l'économie domestique, qui ne relèvent ni du secteur marchand capitaliste ni du secteur public peuvent a priori être classées dans ce champ d'activité. Pour préciser davantage les frontières de l'économie sociale et solidaire, certains auteurs prennent en compte la nature des activités, leur degré d'utilité sociale, leur adéquation avec l'intérêt général et leur capacité à générer des bénéfices collectifs. Voir G. Roustang (2003).