Découvert par T. Me Clellan et M. Mottram en 1989 lors d'une campagne de prospection liée à la construction du barrage de Tichrine sur le moyen Euphrate syrien, le site de Jerf el Ahmar a été exploré de 1995 à 1999 dans le cadre d'une fouille franco-syrienne. De 1995 à 1998 tous les vestiges découverts indiquaient une occupation appartenant exclusivement à l'horizon PPNA (Mureybétien). En 1998 et 1999 l'extension de la fouille a montré l 'existence de niveaux possédant à la fois des caractères mureybétiens et des caractères propres au PPNB. Fallait-il considérer ces occupations comme illustrant une "phase de transition PPNA-PPNB " ? C'est cette question qui va être posée dans cet article. Auparavant nous rappellerons les phases successives de la Néolithisation du Proche-Orient et la place qu 'occupe Jerf el Ahmar dans ce processus. Après un résumé de la stratigraphie du site, l'analyse des architectures et du matériel des niveaux les plus récents sera présentée en essayant de distinguer les caractères anciens, prolongeant directement la tradition PPNA, des caractères nouveaux, annonçant le PPNB. L'intérêt de cette question dépasse la mise en lumière d'une phase de transition entre deux cultures successives. Elle touche deux autres thèmes, d'une portée historique plus globale. Le premier est celui de l'émergence du PPNB pour laquelle J. Cauvin proposait un modèle dès la fin des années 70. Le PPNB naît-il exclusivement sur le moyen Euphrate ou procède-t-il d'une évolution qui touche à la fois le nord de la Syrie et l'Anatolie du sud-est? Le deuxième thème est celui d'une indispensable révision des limites des aires culturelles, ces deux régions composaient sans doute, entre le 10e et le 9e millénaire av. J.-C, une seule entité.

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« Dépôts », « réserves » et « caches » de matériel lithique taillé sont mentionnés à plusieurs reprises pour le Néolithique précéramique au Proche-Orient. S'interroger sur ce que ces contextes particuliers, souvent divers par leur localisation, leur contenant et leur contenu, reflètent de l'organisation économique et sociale des communautés néolithiques est au centre de cet article. Le rôle technique et économique (gestion de l 'outillage) de ce type de stockage est d 'abord abordé. Parmi les facteurs qui président à la constitution de ces concentrations, nous examinons ensuite les facteurs sociologiques qui semblent dominants. Mécanismes de production et de redistribution de l 'industrie lithique taillée au sein des communautés, degrés de spécialisation ou échelles de production sont alors évoqués dans une perspective diachronique.