Les traits principaux de la fabrication du sens par les médias ont été esquissés par la presse écrite d'information de masse au siècle dernier. La presse populaire, puis la radio de propagande, les ont accentués. Aujourd'hui, on peut penser qu'ils ont atteint leur maturité avec la télévision, présente depuis une bonne trentaine d'années dans les pays développés, et conclure : « Dorénavant, Γ ensemble des médias, y compris la presse écrite, vit au rythme de la télévision et de la concurrence» (Veyrat-Masson, 1990, p. 618).La communication politique, telles les autres formes de communication spécialisée (scientifique, artistique, sportive, etc.) a dû se rompre aux pratiques mass-médiatiques dans la mesure où, peu à peu, elle a été forcée d'en passer par elles. Aujourd'hui, les mass-médias existent depuis suffisamment longtemps pour que les principaux acteurs sociaux (politiciens, hommes d'affaires, autorités de toutes sortes, intellectuels de toutes tendances, etc.) aient acquis les habiletés de base pour s'en servir et s'en défendre. Cette appropriation sociale aura été d'autant plus rapide que l'essor des médias a été fulgurant, menaçant les équilibres, les expertises et les compromis que les groupes sociaux, dans leur lutte constante pour le pouvoir et l'influence, avaient eu tant de peines à construire. L'apprivoisement n'est-il pas l'un des constats de toutes ces études à propos de l'influence des agents de relations publiques sur l'agenda des médias et sur le contenu du journalisme ? (Charron, 1989(Charron, et 1991.En matière de communication politique, nul doute que l'adaptation s'est d'abord imposée en raison du contexte concurrentiel dans lequel la démocratie plonge les entrepreneurs poli-HERMÈS 16, 1995 215