Compte rendu de Jacques Rancière, « Les mots et les torts. Dialogue avec Javier Bassas », Paris, La Fabrique, 2021.
Résumé : Influencé par la philosophie des Lumières et hostile à l'égard de la morale chrétienne, Sade envisage de déconstruire le discours philosophico-moral de son temps. Il s'intéresse à l'idée de l'état de nature sous un angle différent de celui des philosophes et des moralistes. En plaçant le Mal au centre de ses réflexions, l'objectif pour lui est de renverser le discours dominant de son temps en prenant l'inceste, le meurtre et les perversions comme étant les maximes conductrices de sa pensée. Malgré l'apparence immorale de ses écrits, Sade tombe dans un schéma moralisant reposant sur l'idéal du Mal qu'il adore. Agir et penser selon les commandements du Mal, deviennent les fondements de l'éthique sadienne. Une réflexion que nous allons approfondir à la lumière des réflexions de Klossowski, Bataille et Jacques Lacan.Mots-clés : mal; état de nature; loi; éthique; transgression. Abstract:Influenced by the philosophy of the Enlightment and hostile toward Christian morality, Sade endeavored to criticize the moral-philosophical discourse of his time, focusing on the idea of the state of nature in a radically different way from contemporary philosophers and moralists. By placing Evil at the center of his considerations, he aims to overturn the dominant discourse of his time by enlisting incest, murder, and perversions as the tenets guiding his thought. Despite the immoral appearance of his writings, Sade falls prey to a moralizing schema based on the ideal of Evil. Acting and thinking according to the commandments of Evil then becomes the fundaments of Sade's ethics. The idea moving this paper is to deepen our understanding of this theory in light of reflections by Klossowski, Bataille, and Lacan.
URL: www.revue-relief.org This article is published under a CC-BY 4.0 license Tout au long de son oeuvre, Jacques Rancière s'est beaucoup intéressé au rapport entre révolution politique et révolution esthétique. Dans La nuit des prolétaires (1981), il s'attache à repenser l'émancipation du peuple en mettant l'accent sur les créations artistiques diverses du prolétariat et le rôle de l'art dans la fabrique de l'esprit révolutionnaire. Dans Les temps modernes (2018), il retrace le développement de « l'hypothèse communiste » dans le cinéma soviétique et à l'abri de l'orthodoxie staliniste. Dans Le temps du paysage (2020), il s'intéresse à cet événement fondateur de la fin du XVIII e siècle qu'est la Révolution française avec cette question : peut-on faire une analyse des racines de la Révolution à la lumière des grands changements qui ont eu lieu dans l'art moderne, et notamment dans l'art des jardins tout au long du XVIII e siècle ? Pour répondre à cette question, Rancière élabore l'hypothèse d'un rapport compliqué entre l'art des jardins et celui des beaux-arts : « le temps du paysage ici considéré n'est pas celui où l'on commence à décrire dans des poèmes ou à représenter sur des murs des jardins fleuris, des montagnes majestueuses, des lacs paisibles ou des mers agitées. Il est celui où le paysage s'est imposé comme un objet de pensée spécifique » (9).Cet objet particulier qu'est le paysage se métamorphose au XVIII e siècle. Cette mutation esthétique, écrit Rancière, influencerait profondément la structure politique de l'Ancien Régime jusqu'à préparer l'avènement de la Révolution française. En ce sens, la coïncidence entre Révolution française et révolution esthétique du XVIII e siècle ne serait pas un effet du hasard mais la trame et l'expression d'un programme politique qui trouverait ses racines, selon Rancière, dans la nouvelle vision de l'espace introduite dans le politique à travers les arts du jardin. De sorte que la révolution esthétique, antérieure à la Révolution politique annoncerait déjà elle-même le commencement d'un
This article is published under a CC-BY 4.0 license Jacques Rancière est un philosophe et essayiste français qui s'intéresse essentiellement aux liens possibles entre la révolution esthétique et la révolution politique à l'époque moderne. Autrement dit, ses travaux visent à penser l'avènement du communisme, comme idéal à venir à travers l'art et la littérature.Dans Les temps modernes. Art, temps, politique, Jacques Rancière revient sur l'une des questions les plus importantes de l'histoire de la philosophie européenne, celle de la modernité, de sa crise et de son éventuel dépassement. L'objectif de Rancière est de répondre aux penseurs qui considèrent la modernité comme événement obsolète et dépassé ou comme crise ouverte et irrésolue. En 2003, dans Les penchants criminels de l'Europe démocratique, Jean-Claude Milner analyse attentivement la crise de la modernité, en mettant l'accent sur la barbarie fasciste. Selon lui, la raison moderne à vocation universelle aurait transformé l'horreur et la criminalité en commandements rationnels. À l'époque moderne, la promesse démocratique issue de la philosophie des Lumières aurait fait de l'homme l'objet d'une « rationalité instrumentale », pour reprendre l'expression de Jürgen Habermas dans Morale et communication, théorie de l'agir communicationnel. Par ailleurs, l'invention la plus humaniste de la modernité, c'est-à-dire les droits de l'Homme n'aurait pas pu protéger les juifs et les homosexuels pendant la Seconde Guerre mondiale, ceci à cause d'une vision trop abstraite et trop peu réaliste des conditions existentielles hétérogènes de l'être humain. L'antagonisme entre criminalité et démocratie se situerait au coeur de la raison moderne. L'impérialisme colonial, les génocides ainsi que la guerre civile au sein des nations démocratiques nous rappelleraient sans cesse ce paradoxe interne de la modernité. Dans son ouvrage, Rancière nous propose une nouvelle interprétation de la modernité, en mettant l'accent sur les révolutions esthétiques du XX e siècle.
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