La fouille de l'hôtellerie de l'abbaye de Marmoutier, édifiée à la fin du xiie s., a révélé l'existence d'un bâtiment plus ancien, dont trois murs ont été conservés et intégrés à la nouvelle construction. Les remblais massifs déposés au cours de ce chantier contenaient de nombreux éléments lapidaires et une grande quantité de tuiles creuses glaçurées à crochet, résultant de la destruction du bâtiment antérieur, que l'on peut attribuer au début du xiie s. Les fragments recueillis ont permis de définir deux types de tuiles complémentaires, les tuiles courants, placées sur les liteaux de la toiture, et les tuiles couvrantes, qui les coiffent. Un troisième type, représenté par des crochets seuls de grandes dimensions, pourrait correspondre à des éléments de faîtage. Les éléments de terre cuite étaient associés à de nombreux fragments de mortier témoignant de la fixation des tuiles entre elles, permettant une restitution de leur mise en œuvre. Ce lot de tuiles, provenant d’un édifice profane au sein d’un établissement religieux prestigieux, fournit donc des informations sur une technique de couvrement rarement observée pour le début du xiie s.