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Agir pour une décolonisation de la santé mondiale en France… et ailleursDepuis plusieurs années, les débats sur le besoin d'une décolonisation de la santé mondiale font rage [1], mais pas en France. Dans le champ de la santé mondiale, qui s'apparente à un microcosme n'échappant pas aux structurations sociales, la décolonisation vise à lutter contre des systèmes de domination tels que le sexisme, le validisme, le racisme et « autre -ism » [2, 3]. En l'occurrence, sans nier ni la prédominance ni les interactions entre les différents systèmes de dominations [4], le racisme est de loin le plus étudié en santé mondiale, sans vraiment de remise en cause des structures qui créent ces injustices, notamment dans les pays francophones. Pourtant, depuis longtemps [5], le racisme historique dans la santé publique et dans les écoles de médecine aux États-Unis d' Amérique sont connus, y compris en français [6]. Si le concept de santé mondiale tente de décloisonner les frontières pour s'intéresser aux problématiques de santé et à la gouvernance globale en santé, on constate que la réflexion sur la décolonisation ne semble pas voyager. En effet, encore rares sont les études traitant des injustices politiques et épistémiques en France, pouvant être définies comme les injustices dans la production, la considération ou l'utilisation des savoirs [6,7], et qui concernent les populations de la planète sans discrimination, et donc pas seulement celles des pays dits du Sud. Ces injustices, souvent invisibles, conditionnent la manière dont la lutte contre les problématiques de santé est pensée, formulée et mise en oeuvre en santé mondiale. Ainsi, il est difficile de penser à réduire la prévalence ou les conséquences des maladies sans agir sur les systèmes qui, non seulement, créent les gradients en santé dans le monde, mais créent aussi les injustices dans la gouvernance globale en santé. Cette gouvernance est largement représentée par les élites économiques, alors qu'elle privilégie les actions envers les plus démunis.