Voici plus de 400 ans que les Noirs sont présents dans les Maritimes (Sehatzadeh 2008). Ils ont d'abord été esclaves, marrons, loyalistes et réfugiés en provenance des États-Unis à qui la couronne britannique avait promis la liberté, de bonnes terres, la prospérité et la protection de Sa Majesté s'ils se battent contre les « rebelles » américains. Ils l'ont fait. En échange, ils ont obtenu des terres marécageuses ou pauvres, des discriminations, de la ségrégation et du racisme environnemental (Nelson 2008; Sehatzadeh 2008; Waldron 2018). Les Noirs des Maritimes furent aussi des immigrants ouvriers en provenance des Caraïbes et principalement de la Jamaïque et de la Barbade. Ils étaient ouvriers dans les mines ou dans des chantiers de construction 1. Que sont devenus leurs descendants? Au mieux, ils sont devenus de petits employés dans le secteur des services et des ouvriers dans les grandes métropoles canadiennes. Ils sont parmi ceux qui sont victimes de profilage racial de la part de différents corps policiers. Plusieurs lieux historiques de leur communauté ont quasiment disparu sous les coups des bulldozers (Nelson 2008; Remes 2018; Spencer 2012) et parfois faute d'investissements et d'abandon par les pouvoirs publics (Sehatzadeh 2008). C'est dire donc que les Noirs des Maritimes ont toujours fait l'objet de rapports sociaux de race qui leur sont extrêmement défavorables. Depuis le début des années 2000, une nouvelle fiction consensuelle s'est mise en place. Elle découle de politiques d'immigration en apparence très progressistes de l'ensemble des provinces maritimes, une région aux