Etablir avec une certaine fiabilité la liste chronologique des souverains d'un royaume à partir des traditions orales se révèle un exercice périlleux, dans les dédales duquel peu d'historiens osent s'aventurer. Pour peu que les origines de cet Etat remontent à quelques siècles, le talon d'Achille des sources orales est, on le sait, la chronologic Il est pourtant urgent de s'y atteler, pour ce qui concerne les formations politiques précoloniales, car l'usure du temps et surtout la disparition des particularités culturelles sous les influences de la vie moderne effacent inexorablement de la mémoire collective, le souvenir de ceux qui ont façonné le destin de leur peuple.Certains héritiers de ces Etats précoloniaux, dans le souci légitime de mieux faire connaître leur passé, ont tenté—avec plus ou moins de bonheur—de collecter et de mettre en forme les éléments épars fournis sur ce passé par les traditionnistes. C'est ce que fit le roi de Glidji Agbanon II en publiant en 1934, à la demande de l'administration française, unMémoire sur l'histoire de Petit-Popo et du royaume Guen. Dans cet ouvrage, l'auteur tente de reconstituer l'histoire du royaume de Glidji à partir d'une liste dynastique, avec les dates et les événements marquants du règne de chaque souverain et les événements survenus au cours de ces règnes. Or, cette liste ne résiste pas à la critique historique, essentiellement en ce qui concerne les XVIIe et XVIIIe siècles. Notre propos, à travers cette étude, est de tenter de reconstituer cette liste à partir de la critique des hypothèses d'Agbanon, à la lumière des documents d'archives et travaux divers relatifs à la période considérée.