Une position professionnelle difficile. François Lautier, « sociologue » dans une école d'architecture (1967-2008)

Abstract

Résumé L’article suivant repose sur l’analyse du témoignage recueilli en 2008 auprès de François Lautier – dans son ultime année d’enseignement à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette – à propos de sa carrière, entamée à la fin des années 1960, comme enseignant de sociologie au sein de cet établissement. Incarnant le refus d’entrer dans les cadres de disciplines établies, la volonté de maintenir un lien original, décloisonné entre sciences humaines et architecture dans l’enseignement et la recherche, le discours de l’interviewé permet de reconstituer les rapports et leurs transformations entre des univers disciplinaires qui se sont progressivement bâtis au cours de cette carrière individuelle. À cet égard, la vision, nécessairement subjective, de l’interviewé tend à souligner la condition aujourd’hui minoritaire d’une position façonnée à contre-courant de la disciplinarisation des savoirs.

Urbanisme et environnement dans l’enseignement de l’architecture à la veille de Mai 1968

“…À la rentrée, il informe la dizaine d'enseignants qui lui ont répondu positivement que, en accord avec Michel Écochard, Henri Raymond, alors maître-assistant de sociologie à la faculté de Nanterre, dirigera, le 18 octobre, une réunion de coordination dans le cadre des enseignements de sciences humaines ouverts à l'Ensba. D'autres assistants, inscrits dans d'autres disciplines ou déjà employés dans des agences d'urbanisme, comme l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de la région parisienne (Iaurp)39 , viendront s'ajouter aux précédents, formant ces équipes pluridisciplinaires dont Michel Écochard et Jean-Paul Flamand parlaient dans leur note commune. Courant octobre, les élèves des ateliers du groupe A sont réunis et peuvent être suivis, en fin de journée, par des équipes d'assistants composées de trois spécialistes, selon un calendrier de réunions hebdomadaires.…”