Une mairie dans la France coloniale

Les chemins de la décolonisation aujourd'hui : perspectives du Pacifique insulaire

“…(…) Seuls ou entourés de leurs conseils, les chefs administratifs disposèrent dans les tribus de réels pouvoirs de contrainte, que ces pouvoirs coloniaux aient renforcé à l'intérieur du monde kanak une position sociale déjà élevée ou permis au contraire une ascension inédite. Pour que cette forme de gouvernement indirect fonctionne, l'administration prit soin de s'attacher la fidélité de ses interlocuteurs kanak en leur versant une rémunération mensuelle et en établissant une grille de récompenses, cadeaux et médailles » 23 . Il semble par ailleurs peu probable que l'assimilation des Kanak ait jamais été l'objectif des autorités coloniales.…”

“…Les représentants de cette option firent entendre leur voix dans d'autres forums que ceux fréquentés par les indépendantistes puisqu'ils s'adressèrent aux instances consacrées aux questions autochtones à l'ONU. L'Accord de Nouméa rendit possible l'émergence de ce type de mouvement à au moins trois titres : tout d'abord, en reconnaissant officiellement l'« identité kanak », il renforça le poids du droit, des autorités et des terres coutumiers, requalifiés désormais dans le langage de l'« autochtonie » ; ensuite, en ouvrant la voie à des opérations industrielles minières de grande envergure dans le cadre du rééquilibrage économique entre les Provinces, il suscita des préoccupations environnementales sans précédent ; enfin, en faisant passer les militants du FLNKS du statut d'activistes à celui d'élus et de gestionnaires des institutions 49 , il initia une reconfiguration des rapports de pouvoir dans le champ de la représentation du « peuple kanak ».…”

Enquêter sur les inégalités urbaines en Bolivie

“…Routes et déroutes d'une monographie de quartier J'ai découvert le Barrio Solidaridad au début des années 2000, alors que je parcourais, un peu au hasard, les rues de El Alto afi n de me familiariser avec la ville : je voulais mettre en place une enquête sur les inégalités d'accès aux services urbains pour comprendre les ressorts de la « guerre de l'eau » qui avait eu lieu quelques années auparavant en Bolivie, et qui avait suscité mon intérêt pour le pays (Poupeau 2008). J'avais pour objectif de saisir les effets de la globalisation et des politiques de privatisation en me plaçant « au ras du sol » (Trépied 2011) 1 . Profi tant des connexions établies entre l'anthropologie et la sociologie dans les études urbaines (Teissonnières et Terrolle 2012), il me semblait évident de commencer ma recherche dans un quartier qui me donnerait une image précise et localisée des transformations en cours aux niveaux national et international.…”