La recherche en psychologie sociale sur l'adhésion aux théories du complot connaît un intérêt croissant. Cependant, les processus et les conséquences intergroupes de ces croyances restent peu étudiés. Dans cette thèse, nous défendons l'idée que les croyances conspirationnistes peuvent être conceptualisées comme des stratégies de gestion de l'identité sociale. Ce processus identitaire serait particulièrement à l'oeuvre dans le cas d'une forme d'identification sociale défensive, le narcissisme collectif, en permettant d'attribuer les faiblesses de l'endogroupe aux actions secrètes et malintentionnées d'exogroupes. En outre, une victimisation exacerbée de l'endogroupe motiverait l'adhésion à ces croyances. Nous avons enfin cherché à identifier certaines des conséquences sociétales de ces croyances conspirationnistes motivées au niveau intergroupe. Dans un premier chapitre, nous montrons que les croyances conspirationnistes à propos d'exogroupes sont un prédicteur important du rejet de la vaccination sur le COVID-19. Dans un deuxième chapitre, nous examinons les conséquences négatives des croyances conspirationnistes au niveau environnemental, et leur rôle médiateur de la relation entre narcissisme national et rejet de la science sur le climat. Dans un troisième chapitre, nous étendons l'études des conséquences négatives de ces croyances intergroupes aux discriminations envers les migrants, et nous testons les liens de causalité entre narcissisme national, perception de menace intergroupe, croyances conspirationnistes, et discriminations. Dans un quatrième chapitre, nous testons dans le contexte de crises sanitaires l'idée qu'une perception exacerbée de la victimisation de l'endogroupe légitimerait le recours aux croyances conspirationnistes. Dans un cinquième et dernier chapitre, nous cherchons à répliquer nos hypothèses en contexte écologique (supportérisme lors de tournois internationaux de football). Nous présentons une analyse de contenus de tweets émis lors de la Coupe du monde de la FIFA 2018, ainsi que le matériel d'une étude longitudinale menée lors de l'Euro 2020. Ce travail souligne l'intérêt d'une approche intergroupe des croyances conspirationnistes ainsi que de leurs spécificités.