La nécessité d'un choixLa récente mise sur le marché d'un traitement pour certaines leucémies infantiles [1] (➜) caractérisé par d'excellentes performances mais aussi par un prix extrêmement élevé (475 000 dollars par cure) souligne une fois de plus le problème posé par le coût des traitements innovants, notamment en cancérologie. La plupart de ces nouvelles approches, qu'il s'agisse de thérapies ciblées ou d'immunothérapies, sont commercialisées à des tarifs atteignant ou dépassant 100 000 euros par cure, soit un ou deux ordres de grandeur au-dessus des montants usuels dans les années 1990 [2]. Ils deviennent ainsi inaccessibles, aux États-Unis [3], pour les patients non assurés (ou mal assurés, avec un reste à charge important), et ils posent de redoutables problèmes aux systèmes de santé dans lesquels la prise en charge est assurée par la collectivité. Les dépenses de santé représentent déjà environ 10 % du PNB (produit national brut) en Europe occidentale (11,5 % en France, 9,1 % au Royaume-Uni [4]), et ne peuvent évidemment pas croître indéfiniment : il faut donc effectuer des choix afin d'utiliser au mieux ces ressources. Considérons par exemple qu'une thérapie ciblée, qui va augmenter de quelques mois la survie d'un patient atteint d'un cancer métastatique, peut coûter à l'assurance maladie l'équivalent du salaire annuel (charges comprises) de deux infirmières… Il est donc inévitable de prendre en compte le rapport coût/bénéfice des interventions possibles, et pas seulement leur bénéfice clinique dans l'absolu, afin de déterminer si elles doivent être prises en charge par le système de santé. Ceci est effectué de diverses manières selon les nations ; en France, c'est essentiellement la Haute autorité de santé (HAS, www.has-sante.fr) qui se charge de ce travail d'évaluation. Le cas du Royaume-Uni est particulièrement intéressant dans la mesure où le système de santé (National health service, NHS) est très largement public, et où les décisions de prise en charge de nouveaux traitements sont déléguées à un organisme spécifique, le National institute for health and care excellence (NICE) fonctionnant de manière assez transparente.Le National institute for health and care excellence (NICE) Établi en 1999, NICE est chargé d'établir des directives concernant la santé et les pratiques cliniques, et notamment d'évaluer les nouveaux traitements et de recommander (ou non) leur mise en place dans le cadre du NHS [5]. Son rôle est essentiel puisque le NHS est tenu de financer tout médicament ou traitement qu'il recommande. Lorsqu'il est saisi par le Dépar-tement de la santé, NICE établit un plan d'étude puis organise le recueil d'informations et d'avis de la part des groupes concernés (organisations de malades, de cliniciens, fabricants, etc.). Ces données sont examinées par un comité académique et un comité d'évaluation, avec différents allers et retours pour prendre en compte les commentaires et intégrer de nouvelles informations ; ce processus aboutit finalement à une directive (guidance) qui recommande, ou non, la...