Territoires d’énergie, territoires à projet. Articulations et dépendances entre conceptions urbaine et énergétique

Abstract

L’intégration de dispositifs de production et de consommation d’énergies renouvelables dans les projets d’urbanisme implique la collaboration entre des acteurs de l’urbain et des énergies. Elle pose la question de l’articulation entre deux processus de conception et de ses effets sur les matérialités résultantes ainsi que sur les systèmes techniques. Alors que des recherches sur les dimensions énergétiques des projets urbains ont pointé notamment les rapports entre les acteurs impliqués, cet article souligne celui de la conception sur les décisions. À partir de l’analyse spatiale et sociotechnique du projet blue factory (Suisse), il montre que les spatialités des objets urbanistiques et énergétiques interfèrent, sinon se percutent. Il propose la notion de dépendance spatiale afin de réduire la complexité de l’intégration de l’énergie dans l’urbanisme et d’esquisser des croisements entre expertises urbanistiques et énergétiques autour d’objets intermédiaires qui restent à inventer.

Social sciences introduction. Local energy communities

“…In this context, energy communities are now emerging as models of a renewed spatiality based on energy (Dubois and Kebir, 2021), which takes on different meanings and is part of a tradition of questioning the dominant centralized model. It ranges from the desire for autonomy, which gives rise to citizen projects that claim locality as an instrument of sustainability (Brusadelli, Lemay and Martell, 2016), to the use of the energy community as a tool in the discussion around urban production (Aubert, 2020;Ramirez-Cobo, Tribout and Debizet, 2021). This pooling of actors around energy consumption and production reinterprets not only space as a place to locate energy devices but also locality as a set of values (Herault-Fournier, Merle and Prigent-Simonin, 2012; Martin and Upham, 2016;Perlaviciute et al, 2018), such as the traceability of energy, the exit from large distribution infrastructures or the geographical proximity between producers and consumers (Debizet and Tabourdeau, 2017;Tabourdeau and Debizet, 2017).…”

Communautés énergétiques locales, coopératives citoyennes et autoconsommation collective : formes et trajectoires en France

“…Dans ce contexte, les communautés énergétiques se révèlent aujourd'hui en tant que modèles d'une spatialité renouvelée autour de l'énergie (Dubois, Kébir, 2021), qui se décline dans différentes acceptions et qui s'inscrit dans une tradition de remise en cause du modèle dominant centralisé. Du désir d'autonomie, qui fait naître des projets citoyens qui revendiquent la localité comme instrument de soutenabilité (Brusadelli, 2016), à l'utilisation de la communauté énergétique en tant qu'outil dans la discussion autour de la production urbaine (Ramirez-Cobo et al, 2021), la mise en commun d'acteurs autour de la consommation et de la production d'énergie convoque non seulement l'espace en tant que lieu où situer les dispositifs énergétiques, mais également des réflexions autour de la localité en tant qu'ensemble de valeurs (Hérault et al, 2012 ;Martin, Upham, 2016 ;Perlaviciute et al, 2018), comme la traçabilité de l'énergie, la sortie des grandes infrastructures de distribution, ou encore la proximité géographique entre producteurs et consommateurs. Dans ce sens, les communautés énergétiques sont des objets profondément incarnés dans un espace local, autrement dit dans une réflexion sur l'espace qui invite à sortir des conceptions traditionnelles de l'énergie et de sa gestion.…”