“Tell all the truth but tell it slant”

Transformations (1971), ou quelques contes d’Anne Sexton lectrice des frères Grimm, dans le miroir de la critique féministe

“…Dans ce type de poésie également marquée par l'interpénétration de l'histoire personnelle et de l'histoire collective, tout particulièrement dans les quatre premiers recueils d'Anne Sexton précédant Transformations 8 , il arrive bien souvent que résonne le slogan selon lequel, d'après le titre d'un article de la Carol Hanisch, « le personnel est politique », « the personal is political 9 ». La contribution d'Anne Sexton au « Women's Lib », sur un mode poétique qui pourrait être qualifié d'indirect ou d'oblique -peut-être au sens où Emily Dickinson, recourant à l'aphorisme, déclarait « Tell all the truth but tell it slant 10 -» -, se dessine d'emblée dans la figure de la sorcière dont Anne Sexton fit à maintes reprises, et ce dès son premier recueil To Bedlam and Part Way Back, celui de l'écriture de la chute dans la dépression et de l'asile, son double favori. Le poème « Her Kind 11 », l'un des poèmes phares du premier livre, dans lequel le sujet lyrique s'identifie à la sorcière en tant qu'elle représente l'une des figures de l'altérité par excellence, située aux antipodes de l'idéologie dominante de la femme américaine parfaite des années 1950, ouvrira chacune de ses lectures publiques 12 .…”

“…10 Le recueil s'inscrit dans une époque doublement rebelle, marquée par l'esprit de contestation de l'ordre social dominant, comme par l'émergence du Mouvement de libération des femmes et de la critique féministe. Il ne serait peut-être pas exagéré de considérer que Transformations annonce les travaux de la critique littéraire féministe lorsqu'elle s'intéresse aux contes de fées.…”