> Lors de la découverte du facteur de croissance épidermique (EGF), Rita LeviMontalcini et Stanley Cohen n'imaginaient pas que cette recherche, dont ils étaient les initiateurs, ouvrirait la voie, 60 ans plus tard, à une révolution dans le domaine de l'oncologie théra-peutique. Ce facteur de croissance EGF appartient à un ensemble de molécules qui stimulent quatre récepteurs transmembranaires à domaine tyrosine kinase (RTK) de la famille ERBB (EGFR, HER2, HER3 et HER4). Ces molécules contrôlent le cycle cellulaire et l'apoptose des cellules tumorales, et régulent la survie, la prolifération, l'angiogenèse et le méta-bolisme tumoral [1]. Après fixation du facteur de croissance, ces récepteurs sont essentiellement actifs sous forme de dimères, dont le niveau d'expression et la composition jouent un rôle dans la diversification des signaux intracellulaires activés et dans le potentiel carcinogène. La multiplicité des récep-teurs au sein de la famille ERBB permet une plasticité dans la dimérisation des récepteurs, qui assure une adaptation du signal tumoral, activant des voies de signalisation différentes en fonction du type de ligand, du niveau de stimulation, de la densité de récepteurs, du type cellulaire ou de la thérapie ciblée utilisée [2]. Aujourd'hui, les thérapies ciblant la famille ERBB ont une place incontournable dans l'arsenal thérapeutique en cancérologie, qu'il s'agisse d'inhibiteurs de tyrosine kinases (TKI) ou d'anticorps monoclonaux (Acm), tels que le cétuximab ou le panitumumab (anti-EGFR), le trastuzumab ou le pertuzumab (anti-HER2) 1 [19]. Le récepteur HER3, qui possède une activité kinase 1 000 fois plus faible que les autres récepteurs de la famille ERBB, a longtemps été délaissé comme cible thérapeutique, bien que jouant un rôle majeur dans la plasticité/ adaptabilité de la signalisation oncogénique.Repenser le récepteur HER3 comme cible thérapeutique En réponse à la liaison des facteurs de croissance neurégulines (NRG), le récepteur HER3 subit un changement conformationnel permettant sa dimé-risation avec les autres récepteurs de la famille ERBB. Ce phénomène conduit à l'activation allostérique de chaque partenaire de dimérisation par l'autre partenaire, permettant ainsi la transphosphorylation des deux récepteurs et l'activation des voies de signalisation majeures RAS/RAF/MEK/ERK et PI3K/ AKT/mTOR (Figure 1). Dans ce cadre, les hétérodimères EGFR/HER3 et HER2/HER3 constituent les unités fonctionnelles de signalisation oncogénique les plus efficaces, car le récepteur HER3 est le plus puissant activateur de la sous-unité p85 de la PI3K, par l'intermédiaire des six tyrosines phosphorylables dans son domaine intracellulaire (Figure 1)