Durant plus de trente années, Cahiers d 'art (1926-1960) 1 , la revue de Christian Zervos a manifesté une orientation multiple. Dans l'entre-deux-guerres la revue fut le porteparole des courants post-cubistes et hérita dans une large partie du public de l'Esprit nouveau, d'Amédée Ozenfant et de Le Corbusier, ainsi que de celui du Bulletin de l'effort moderne, de Léonce Rosenberg 2 . Dans le même temps, la revue se donna comme but de défendre la nouvelle architecture 3 . Dès 1928, Sigfried Giedion fut chargé, dans la revue, de la rubrique sur l'architecture. Des bilans sur l'actualité architecturale sont présents dans chaque numéro, dont une large partie consacrée aux projets de Le Corbusier 4 . Cahiers d'art se présenta dès lors comme un porte-parole de l'architecture « internationaliste », selon les mots de Zervos, rompant surtout avec toute tendance qui privilégiait les réminiscences du classicisme et de l'historicisme dans l'architecture de l'entre-deux-guerres. Cela dit, Zervos présentait souvent sa revue comme un contrepied aux tendances conservatrices qui émergeaient dans d'autres revues de la période, telle que Formes 5 .2 Au-delà de l'art et de l'architecture contemporaine, la revue, à partir des années 1930, s'intéresse à la fois à l'art dit « primitif » et aux civilisations pré-et protohistoriques, notamment celles développées dans l'aire géographique de la Méditerranée. Graduellement, l'intérêt de Zervos s'étend vers des champs archéologiques aujourd'hui bien distincts, qu'à l'époque l'éditeur se contenta de désigner sous le terme générique d'« art préclassique ». Entre-temps, Zervos se lança dans l'édition d'une série de volumes archéologiques qui ne s'achèvera qu'à la fin des années 1960 6 . Ces publications Christian Zervos, Cahiers d'art et le IVe Congrès international d'architectur...